Histoire médiévale
Dossier thématique : Points de vue croisés

Entre légalité et contrebande, la règlementation des exportations de chevaux en Méditerranée du XIe au XVe siècle

  • Clothilde Noé
    Docteure en histoire médiévale - ATER
    Université de Tours
    CITERES-UMR 7324 (Équipe Monde Arabe et Méditerranée)

1. Entre le XIe et le XVe siècle, les relations en Méditerranée ont été marquées par les affrontements entre chrétiens et musulmans. Ces conflits sont illustrés, d’une part, par la Reconquista (722-1492) et, d’autre part, par la longue série de croisades1 dirigées vers la Syrie-Palestine (1095-1291). Leur étude a mobilisé les historiens2, qui se sont intéressés à la logistique et à l’économie de la guerre, notamment en ce qui concerne la production et le transport des armes en Orient et dans la péninsule Ibérique. Cependant, la question du cheval dans les croisades demeure encore peu explorée, en dehors des ouvrages d’Ann Hyland, qui font, encore aujourd’hui, référence3. Les différents fronts ont nécessité des logistiques spécifiques. En Syrie-Palestine, les chevaliers partaient avec leurs montures dans l’espoir de conquérir ou de défendre la Ville sainte, tandis que dans la péninsule Ibérique, l’élevage équin était organisé aux frontières pour approvisionner la cavalerie. Ces pratiques exigeaient des montures spécialisées, appelées « destriers » ou de « coursiers ». Dans ce contexte, la circulation du cheval d’armes soulevait plusieurs problématiques, notamment en ce qui concernait la règlementation de leur transport à travers l’espace méditerranéen, les conditions de voyage, ou encore le remplacement des montures blessées ou tuées4. Assimilée à une arme, la monture devait être protégée pour éviter qu’elle ne tombe entre les mains de l’ennemi. Lors de la première Croisade (1095-1099), pour ne citer qu’un exemple emblématique, les récits rapportent de graves difficultés liées au transport des chevaux. Ces derniers, provenant d’Occident, ont subi une hécatombe causée par une combinaison de facteurs : les rigueurs climatiques telles la chaleur et le froid, la faim et la soif, les attaques incessantes des cavaliers musulmans qui utilisaient leurs redoutables flèches, ainsi que les razzias leur permettant de s’emparer des montures des chevaliers francs. Par ailleurs, l’élevage des chevaux de guerre était inégalement réparti en Méditerranée : certains territoires, comme la péninsule Ibérique, l’Italie du Sud ou la Sicile, devinrent des centres producteurs d’équidés de qualité, tandis que d’autres régions, moins bien pourvues, en dépendaient pour leur approvisionnement. Un marché méditerranéen du cheval émergea, articulé autour de l’offre des zones productrices et de la demande des territoires déficitaires. Ces dynamiques économiques et militaires entraînèrent l’établissement de régulations strictes visant à limiter les exportations vers des ennemis potentiels tout en encourageant les échanges internes pour améliorer les cheptels et renforcer les capacités de remonte en équidés des pays latins. Les décisions politiques influencèrent la réglementation du transport des chevaux, tandis que les contrôles exercés sur le commerce témoignaient de leur rôle central dans les stratégies militaires.

2. Ce travail se propose d’examiner les enjeux et de présenter quelques exemples de ces régulations sur le trafic des chevaux en Méditerranée. Il s’appuie sur une recherche plus vaste, menée dans le cadre d’une thèse portant sur l’économie et les échanges d’équidés dans cet espace. Cette présentation s’articule autour de plusieurs axes : d’abord, les « armes » juridiques déployées par la papauté et les royaumes pour contrôler la circulation des chevaux ; ensuite, les adaptations imposées par l’affaiblissement des États latins d’Orient ; enfin, les réflexions autour de cet approvisionnement après la chute d’Acre en 1291.

 

I. Les chevaux et le trafic d'armes en Méditerranée dans la stratégie de défense de la Chrétienté

 

A. Les fondements des guerres saintes en Méditerranée et l'appui sur les "chevaliers du Christ"

3. Aborder la question des restrictions concernant la circulation des chevaux en Méditerranée implique de replacer le sujet dans le contexte général de l’époque marquée par la volonté papale de s’imposer comme une autorité religieuse. En effet, c’est au nom de cette autorité que furent menés les conflits contre l’Islam. À partir du milieu du XIe siècle, la papauté s’engagea dans un vaste mouvement de mobilisation inscrit dans le cadre de la Réforme grégorienne5. Cette période, caractérisée par des transformations profondes, fut dominée par les efforts du pontife pour renforcer son autorité au sein de l’Église tout en affirmant sa primauté face aux pouvoirs temporels. Depuis Léon IX (r. 1049-1054) jusqu’à Grégoire VII (r. 1073-1085), les réformes engagées permirent de poser les bases d’une nouvelle vision du rôle du pape, qui culminera avec la prédication d’Urbain II (r. 1088-1099). Un des premiers objectifs de cette réforme était de restaurer le contrôle de la papauté sur les affaires de l’Église, en affirmant la souveraineté universelle du pontife. Cette dernière devait s’exercer à la fois sur l’Occident latin et sur la chrétienté orientale, particulièrement fragilisée après la défaite des Byzantins face aux Turcs lors de la bataille de Mantzikert en 1071.

4. Dans cette perspective, la papauté entendait défendre ce qu’elle percevait comme le bien commun : la chrétienté. Ce projet entraîna une transformation progressive de l’image du chevalier, désormais élevé au rang de « chevalier du Christ »6. Cette évolution s’inscrivait dans la redéfinition de la notion de « guerre juste », développée par Saint Augustin7, qui légitimait une reconquête chrétienne dirigée non seulement contre les ennemis intérieurs, tels que le clergé corrompu, mais aussi contre les ennemis extérieurs, désignés comme païens (pagani) ou Sarrasins (Saraceni) par Grégoire VII. Le lien entre la guerre menée au nom de l’Église et cette nouvelle vision de la chevalerie se tissa progressivement, notamment au moment de la première croisade (1095-1099). Les croisés, appelés à la fois « chevaliers du Christ » (milites Christi) et « pèlerins » (peregrini), incarnaient cette figure rénovée du chevalier chrétien, engagé dans une mission sacrée. Par ailleurs, la papauté s’efforça de canaliser la violence des chevaliers, source de troubles en Occident, pour la diriger vers des objectifs communs en Orient. Cette vision est illustrée par Baudri de Bourgueil (v. 1060-1130)9 dans un texte vers 1108. Il y condamnait les chevaliers pour leur brutalité, tout en les exhortant à devenir de véritable « chevaliers du Christ »10, mettant ainsi leur force au service d’un idéal religieux et collectif.

5. Ainsi, l’Orient devint à la fois un exutoire pour la violence des chevaliers et une voie de rédemption spirituelle, grâce à la promesse de la rémission des péchés11. Dès le pontificat de Léon IX, une nouvelle conception du rôle des laïcs dans la défense de l’Église émergea. Il fut progressivement admis que leur mission incluait la protection active de la chrétienté. Cette idée prit une forme concrète en 1063, lorsque le pape Alexandre II accorda pour la première fois une indulgence aux guerriers participant à la Reconquista en Espagne12. Quelques années plus tard, en 1074, le pape Grégoire VII envisagea une expédition de grande ampleur pour repousser les Turcs qui menaçaient l’Empire byzantin. Cette ambition s’accompagnait d’un objectif supplémentaire : libérer Jérusalem, alors sous contrôle musulman. Grégoire VII entendait ainsi étendre à l’Orient la pax Dei et l’ordre que la papauté s’efforçait d’instaurer en Occident. Cette entreprise s’inscrivit également dans un renforcement des pratiques pénitentielles : dans son décret de 1080, le pontife précisa que celles-ci impliquaient une conversion totale du pécheur13. La péninsule Ibérique fut rapidement intégrée à cette dynamique. Entre 1073 et 1079, Grégoire VII adressa plusieurs lettres aux rois et aux évêques hispaniques, les exhortant à s’engager dans ce projet de reconquête14. Ces initiatives jetèrent les bases d’un héritage que le pontife laissa à ses successeurs : la guerre sainte ne visait pas seulement à libérer l’Orient des Infidèles, mais aussi à purifier l’âme des guerriers, faisant de leur engagement militaire un acte de salut personnel et collectif.

6. Sous le pontificat d’Urbain II (r. 1088-1099), le combat contre l’Islam s’organisa sur deux fronts. En Occident, des actions concrètes furent menées dans la péninsule Ibérique, avec des avancées notables comme la prise de Huesca en 1098. Urbain II, conscient de l’importance de ce front, promit dès 1089, des privilèges spirituels à ceux qui participeraient à la reconquête de Tarragone15. Il innova également en établissant un lien inédit entre le pèlerinage et la guerre contre les musulmans. Urbain encouragea ceux qui, dans un esprit de piété et de pénitence, souhaitaient se rendre à Jérusalem, à consacrer les fonds destinés à leur pèlerinage à la reconstruction de l’église de Tarragone. Il leur accorda la même indulgence que celle promise aux pèlerins en route pour la Terre sainte16. En Orient, la lutte atteignit son apogée avec la prise de Jérusalem en 1099. Ces deux fronts, occidental et oriental, étaient perçus comme complémentaires dans la défense de la chrétienté. Le successeur d’Urbain II, Pascal II (r. 1099-1118), réaffirma cette complémentarité en interdisant aux chevaliers (milites) castillans et léonais de quitter la frontière du Tage pour rejoindre Jérusalem17, soulignant ainsi la priorité accordée à la défense de la chrétienté dans la péninsule. Cette vision fut poursuivie sous le pontificat de Calixte II (r. 1119-1124) qui, en 1123, plaça sur un pied d’égalité, en termes de récompenses spirituelles, les campagnes menées à Jérusalem et celles engagées sur le sol ibérique18. La papauté établissait ainsi une continuité dans les luttes contre l’Islam, qu’elles se déroulent en Orient ou en Occident, affirmant l’unité de l’effort chrétien face à ses ennemis.


B. L’instauration des « res prohibitae » et l'interdiction du commerce du cheval en Méditerranée

7. Dans sa lutte contre l’Islam, la papauté dut également composer avec d’autres types de contacts, notamment marchands et commerciaux, qui compliquaient l’atteinte de ses objectifs religieux et militaires. La gestion pragmatique des échanges avec le monde musulman illustre les tensions entre les impératifs économiques et les aspirations spirituelles, une dualité que les chercheurs ont étudiée19. Bien que la papauté ait cherché à encadrer strictement le commerce de biens stratégiques, le dynamisme des relations commerciales en Méditerranée échappait à un contrôle rigoureux. Tandis que le commerce des épices, de soieries et d’autres produits orientaux prospérait, certains biens stratégiques étaient surveillés, comme les armes, le fer, le bois (indispensable à la construction navale égyptienne) et les chevaux. La papauté prit rapidement en charge la régulation de ces échanges sensibles en élaborant une législation visant à limiter le commerce de ces marchandises, désignées comme « res prohibitae » (« choses interdites »). Cette règlementation apparut dès le troisième concile de Latran en 1179, où fut formellement interdite la fourniture d’armes aux Sarrasins sous peine d’excommunication20. Toutefois, les chevaux n’étaient pas inclus dans ces interdictions. Ce n’est qu’au cours du pontificat d’Honorius III (r. 1216-1227) que les montures furent explicitement ajoutées à la liste des biens prohibés21.

8. Cette évolution réglementaire concernant les chevaux s’explique par les réflexions stratégiques entourant les croisades. Lors des premières expéditions en Terre sainte, notamment la première croisade (1095-1099) et la deuxième croisade (1146-1149), les voies d’approvisionnement étaient essentiellement terrestres. Ce schéma persista partiellement lors de la troisième croisade (1189-1192), durant laquelle Frédéric Barberousse (r. 1155-1190) emprunta encore les routes terrestres, tandis que Philippe Auguste (r. 1180-1223) et Richard Cœur de Lion (r. 1189-1199) optèrent pour les itinéraires maritimes. Le recours initial aux routes terrestres avaient révélé ses limites22, notamment pour le transport de chevaux. Ces derniers avaient souffert des conditions extrêmes : faim, soif, chaleur, maladies et épuisement. Dans certains cas, la faim obligea même les chevaliers à abattre et consommer leurs montures. La première croisade illustre de manière frappante cette hécatombe animale. Les deux sièges successifs d’Antioche, du 21 octobre 1097 au 2 juin 1098, puis du 7 juin au 28 juin 1098, mirent en lumière la vulnérabilité des équidés. Anselme de Ribémont rapporta que les croisés ne disposaient plus que de 700 chevaux en novembre 109723. En décembre de la même année, Raymond d’Aguilers évoquait 400 montures restantes24, et début 1098, seuls 100 chevaux subsistaient chez les Provençaux25.

9. Ces pertes massives, dues aux difficultés logistiques des routes terrestres, ont sans doute amené à privilégier les approvisionnements maritimes lors les croisades suivantes. Les itinéraires maritimes devaient permettre de mieux préserver la santé des chevaux et d’assurer une meilleure continuité dans l’effort militaire. Malgré ces ajustement logistiques, le commerce des chevaux et des armes avec les Sarrasins resta un problème récurrent. Cette situation était alimentée par la présence active de marchands, notamment italiens, en Méditerranée orientale. Ces derniers furent accusés de trahir les intérêts de la chrétienté en vendant des biens stratégiques à ses ennemis. Ainsi, Honorius III exhorta l’archevêque de Gênes à excommunier les marchands qui fournissaient armes, fer, provisions et chevaux aux Sarrasins de Majorque26.

 

II. Au secours de la Terre Sainte : entre acheminement et restriction du commerce des montures

 

A. L’affaiblissement croissant des États latins d’Orient

10. L’affaiblissement des États latins d’Orient au cours du XIIIe siècle intensifia les régulations papales en matière de commerce stratégique. La chute de Jérusalem en 1187, consécutive à la défaite de Hattin, eut un profond impact en Occident et accéléra les efforts pour reprendre la ville sainte. Dans ce contexte, les restrictions commerciales furent progressivement durcies pour empêcher toute aide indirecte aux musulmans. En 1229, Grégoire IX (r. 1227-1241) réitéra les interdictions sur le commerce des biens stratégiques, et Innocent IV (r. 1243-1254) les renforça en 1247, à la veille de la septième croisade (1248-1254). Ce dernier alla jusqu’à interdire explicitement toute vente ou don de chevaux aux Sarrasins.

11. Ces régulations ne se limitèrent pas au Levant. La péninsule Ibérique, également marquée par des contacts et des échanges commerciaux avec les musulmans, fut soumise à des mesures similaires. En 1234, Grégoire IX émit plusieurs bulles pour restreindre les échanges entre les Aragonais et les Castillans et leurs voisins musulmans, incluant les chevaux comme res prohibitae. Cependant, certaines exceptions furent concédées. Ainsi, en 1239, le pape autorisa le roi du Portugal à établir des relations commerciales avec les musulmans, à condition d’exclure strictement les armes et les chevaux de ces transactions29.

12. Le milieu du XIIIe siècle est souvent considéré par les historiens des croisades comme un tournant important dans leur histoire. Les troubles en Orient s’intensifièrent. En 1244-1245, les troupes khwarezmiennes, alliées du sultan d’Égypte, saccagèrent Jérusalem et massacrèrent la population chrétienne. Peu après, l’armée franque subit une défaite écrasante à la bataille de La Forbie (1244), marquant un coup sévère pour les États latins d’Orient. La papauté, déjà fragilisée par son conflit avec l’empereur Frédéric II (1215-1250) – excommunié et déposé au concile de Lyon en 1245 –, peinait à rassembler les forces nécessaires pour répondre favorablement aux appels des Latins orientaux30. De plus, les initiatives militaires, autrefois orchestrées sous l’autorité directe de la papauté, commencèrent à échapper à son contrôle, passant progressivement entre les mains de souverains désireux d’incarner l’idéal du roi chrétien. Louis IX (r. 1226-1270), en particulier, illustre cette transition31. Il prit ainsi l’initiative de diriger la septième croisade (1248-1254). La logistique de cette campagne fut particulièrement soignée, notamment en ce qui concerne le transport des chevaux, essentiels à l’efficacité des forces croisées. Le roi fit appel aux Génois et aux Marseillais pour se procurer les navires nécessaires à l’acheminement de son armée, qui comptait plus de 2 500 chevaliers et leurs montures, 5 000 arbalétriers et 10 000 fantassins32. Jean de Joinville, chroniqueur de l’expédition, fournit des détails précieux sur les types de navires utilisés ainsi que les préparatifs méticuleux qui entourèrent l’expédition. L’auteur précise notamment la disposition des bateaux, qui comportaient une porte, appelée « huis », située sur le côté bâbord ou tribord, en dessous de la ligne de flottaison, qui rendait possible l’embarquement des chevaux grâce à un pont. Cette ouverture devait être soigneusement étoupée afin d’empêcher tout risque de fuite dans la coque33. Cependant, la croisade se solda par une défaite. Louis IX fut capturé lors de la bataille de Mansourah en 1250. Cette déroute n’effaça pas totalement les résultats diplomatiques de la croisade. À l’issue des négociations, le sultan égyptien confirma aux croisés la possessions des territoires encore tenus en Terre sainte, dans l’état où ils se trouvaient en 1248. Ainsi, malgré l’échec militaire, une fragile présence chrétienne en Orient fut préservée pour un temps.

13. L’arrivée des Mongols au Proche-Orient, marquée par la prise de Bagdad en 1258, ne parvint pas à déstabiliser durablement le sultanat mamelouk. Au contraire, la victoire de Baybars (r. 1223-1277) à la bataille d’Aïn Djalout en 1260 contre les Mongols inaugura une série de conquêtes qui précipitèrent le déclin des États latins. Résolu à éradiquer les possessions franques issues des croisades, le sultan entreprit une politique agressive de conquêtes. Césarée tomba en 1261, suivie d’Arsuf en 1265, de Jaffa et de Safed en 1266, puis d’Antioche en 1268. Ces défaites laissèrent les États latins exsangues, réduits au royaume de Jérusalem, privé de sa capitale depuis 1187, et le comté de Tripoli au Nord.

14. Face à ces pertes successives, la papauté réagit en durcissant les régulations commerciales et en réitérant les interdictions concernant les biens stratégiques. Urbain IV (r. 1261-1264), dans une tentative de relancer l’effort de croisade, prêcha en 1263 une nouvelle expédition en Terre sainte et condamna fermement tous ceux qui fourniraient « des vivres, des armes, des chevaux et d’autres choses utiles pour l’expédition contre les armées sarrasines »34. Un procès général fut même ouvert l’année suivante à l’encontre de plusieurs royaumes, dont l’Écosse, l’Angleterre, la Castille, le Portugal, la Navarre et l’Aragon. Selon l’historien José Trenchs Odena, c’était la première fois que les chevaux et les vivres furent explicitement inclus dans une interdiction universelle, aux côtés des armes et du matériel militaire35.

 

B. L’appui sur les royautés ibériques et angevines pour l'approvisionnement en chevaux de la Terre Sainte

15. Durant cette période, la papauté s’était rapprochée de la royauté française, trouvant en Charles Ier d’Anjou (r. 1266-1285), frère de Louis IX, un soutien indéfectible pour ses ambitions orientales. L’accession de Charles Ier d’Anjou au trône de Sicile en 1266 constitua une base logistique et stratégique pour une initiative militaire en Orient36, et son accession au trône de Jérusalem en 1278 renforça son rôle dans les projets papaux. En parallèle, la papauté s’appuya également sur les couronnes de la péninsule Ibérique. Ces deux espaces partageaient une particularité importante : ils mirent en place des contrôles sur l’exportation des chevaux, une gestion particulièrement sensible dans le contexte militaire de la Reconquista et des croisades. En Sicile et dans les territoires angevins italiens, un fonctionnaire appelé « magistrum passum » était chargé de superviser les passages des animaux, en particulier des chevaux de guerre37. De l’autre côté, en péninsule Ibérique, les Cortes furent chargées de cette question sensible38. Ce système de régulation établissait des restrictions sur certains produits stratégiques, regroupés sous le terme de « cosas vedadas » (« choses interdites »). La première liste de ces marchandises fut établie par Alphonse VIII de Castille (1158-1214) en 1207 lors des Cortes de Tolède. Elle incluait les chevaux de guerre et les juments de selle39. Cette législation fut ensuite renforcée par des textes comme le Libro de las Siete Partidas d’Alphonse X de Castille (r. 1252-1284) ou les Ordenações Afonsinas d’Alphonse V de Portugal (1438-1481), qui précisaient non seulement les produits interdits, mais aussi les lieux autorisés pour leur transaction40. Les restrictions sur l’exportation des chevaux répondaient à deux impératifs majeurs : d’une part, garantir des montures pour les besoins militaires des royaumes, et d’autre part, soutenir la lutte contre les musulmans, que ce soit en Orient ou dans la péninsule Ibérique.

16. Les exportations de chevaux vers l’Orient furent possibles grâce à une série de licences délivrées par les autorités des royaumes de Sicile et de la péninsule Ibérique, accompagnées d’un contrôle rigoureux aux frontières. Ces licences témoignent du rôle joué par les ordres militaires dans l’acheminement des montures, en particulier depuis les territoires angevins41. Charles Ier d’Anjou leur accorda non seulement des licences d’exportation, mais les exempta également du « ius exire », un privilège rarement cédé sous son règne, hormis pour les ordres militaires ou les ambassadeurs42. Dès les années 1270-1280, des chevaux furent ainsi envoyés depuis les terres angevines. Par exemple, 24 équidés, dont 12 chevaux d’armes (equos ad arma) et 12 roncins43 (roncinos) et mulets, furent transportés par le maître de la maison de Sainte-Marie Teutonique à Acre en 127444. En 1281, sous la conduite de Jacques de Taxi, grand commandeur de l’ordre hospitalier de 1281 à 1285, 60 chevaux « ad arma » et « non arma » et 40 mulets furent transportés vers ce même port45. Il est à noter que certains animaux provenaient de la péninsule Ibérique et étaient envoyés vers la Sicile, plaque tournante de cette logistique militaire. Un document daté de février 1272 atteste que Charles d’Anjou exonéra les Hospitaliers de la somme de 30 onces au titre des droits de douane à Messine, afin de leur permettre de transporter les animaux outre-mer sans frais supplémentaires46.

17. Enfin, les terres hispaniques et angevines étaient riches en élevage de chevaux, ce qui facilita l’approvisionnement en montures pour les campagnes militaires. Charles d’Anjou fournit ainsi tout le nécessaire pour l’entreprise de Louis IX contre la Tunisie en 1267. Il autorisa notamment les marchands à apporter tout ce qui était requis pour les armées du roi de France, qui devaient partir depuis le port de Trapani. Les provisions incluaient des vivres, du vin, de la viande, des armes, du bois et, surtout, des chevaux47. Cette expédition stimula largement le marché italien, où les achats nécessaires furent facilités. Les gestionnaires des différentes provinces angevines – telles que la Basilicate, la Calabre, les Terres de Bari et d’Otrante – furent chargés de faciliter les achats d’un chevalier hospitalier et du représentant d’Alphonse (1220-1271), comte de Poitiers et de Toulouse, frère de Louis IX. Ils devaient en particulier leur fournir des mules, des chevaux et de la viande salée, en vue de leur voyage outre-mer48.

 

III. La fin des États latins : élaboration des projets de croisade et logistique équine

 

A. L'influence du pape sur le commerce des chevaux

18. La fin des États latins d’Orient, marquée par la chute d’Acre en 1291, ne mit cependant pas un terme à la lutte de la papauté contre l’Islam. Bien que les terres chrétiennes en Orient aient été réduites à peau de chagrin, la papauté continua de s’engager dans des projets militaires pour récupérer la Terre sainte. Cette volonté se manifesta par une série d’interdictions commerciales visant à empêcher tout commerce avec les musulmans, notamment en ce qui concerne les chevaux. Dès 1289, Nicolas IV (r. 1288-1292) renouvela les interdictions à plusieurs reprises. En 1289, 1290 et 1291, il menaça à nouveau d’excommunication quiconque se livrerait au transport de chevaux destinés aux soldats « babyloniens » en Terre sainte49. Toutefois, ces mesures étaient accompagnées de mesures pragmatiques, car les trafiquants pouvaient obtenir une forme d’amnistie en versant au trésor de guerre une somme équivalente à la valeur des marchandises illégalement échangées50. Cette démarche, bien qu’elle visât à dissuader les échanges avec les musulmans, montre que la papauté n’avait pas toujours les moyens d’imposer strictement ses décisions, car les échanges persistaient. En 1290, la décision d’absoudre certains individus impliqués dans ce commerce reflétait la persistance de ces flux commerciaux51.

19. Durant cette période, la papauté élabora des projets de croisades, qui se prolongèrent jusqu’au début du XVIe siècle, accompagnés de nouvelles restrictions commerciales en Orient. Boniface VIII (r. 1294-1303) renouvela les interdictions en 1295, 1296 et 130252, et ses successeurs poursuivirent cette politique, avec des mesures prises en 130453 et 130854. Clément V (r. 1305-1314), particulièrement indigné par le commerce de fer, de chevaux et d’autres marchandises prohibées avec les musulmans, condamna fermement les chrétiens impliqués dans ces échanges en 1308. En 1317, Jean XXII (r. 1316-1334) émit une interdiction spécifique touchant l’exportation de chevaux vers les terres musulmanes, en particulier l’Égypte et le royaume de Grenade55.

 

B. Un approvisionnement en montures difficile depuis la péninsule Ibérique

20. Le recours aux ordres militaires pour le recrutement de combattants et l’organisation logistique en Orient restait essentiel, mais la mobilisation des ressources nécessaires à ces entreprises se heurta à des difficultés. Un des enjeux était le lien vital entre les fronts occidentaux et orientaux. La situation politique et militaire de la péninsule Ibérique influençait directement l’envoi de renforts en Terre sainte, et la papauté devait aussi composer avec les politiques commerciales des Latins, qui n’allaient pas forcément dans son sens. Depuis le milieu du XIIIe siècle, l’Aragon et la Catalogne encourageaient activement le commerce avec l’Égypte. Ainsi, en 1274, sous la pression du pape, Jacques Ier d’Aragon (r. 1213-1276) fut contraint d’imposer un embargo sur l’envoi de matériel de guerre, de chevaux, de blé vers les territoires mamlouks56. Plus tard, des conflits avec les royaumes voisins compliquèrent l’envoi de renforts en Orient. Dans les années 1290, le roi d’Aragon se trouvait engagé dans des conflits contre les rois de France et de Castille, ce qui provoqua une politique d’exportation particulièrement stricte. Ainsi, en 1290, Alphonse III d’Aragon (r. 1285-1291) interdit formellement l’exportation de chevaux, une décision qui affecta directement le grand commandeur de l’ordre de l’Hôpital57. Cette interdiction était étroitement liée aux besoins en chevaux pour les conflits locaux. Cette situation se détériora davantage en 1297, lorsque les Hospitaliers, alors basés à Chypre, signalèrent un manque criant de montures, qui étaient auparavant importées depuis la péninsule Ibérique. Face à cette pénurie, ils furent contraints de se tourner vers d’autres régions, notamment la Ruthénie (correspondant à l’est de la Pologne actuelle), connue pour ses pâturages riches et ses chevaux robustes58.

21. Au-delà des conflits entre les couronnes, la participation active des royaumes catholiques de la péninsule Ibérique à la Reconquista exerçait une pression considérable sur les ressources équines disponibles. Les chevaux étaient indispensables pour mener des guerres contre les forces musulmanes dans la région, limitant ainsi les capacités d’exportation vers l’Orient. En 1309, Jacques II d’Aragon (r. 1291-1327) tenta même de mobiliser les ressources des Hospitaliers présents dans la péninsule pour ses propres campagnes contre Grenade59. Il leur interdit explicitement d’exporter des chevaux, renforçant ainsi une politique d’autarcie militaire. Un autre exemple de cette gestion restrictive apparaît dans une lettre d’Alphonse XI de Castille (1312-1350), datée de 1330. Dans ce document, le roi décrétait qu’à partir de juillet de cette année-là, le transport d’armes et de chevaux vers le royaume de Grenade serait interdit pendant trois ans, afin de concentrer les ressources militaires nécessaires à ses propres campagnes. Les contrevenants risquaient des sanctions sévères, similaires à celles prévues pour les transactions illicites avec l’Égypte60. Des chroniques datant du milieu du XIIIe siècle témoignent également de la difficulté des royaumes à rassembler le nombre de chevaux nécessaires à ces entreprises militaires, en mettant en avant l’urgence d’accroître leur élevage pour soutenir la guerre contre Grenade61.

22. En dépit des restrictions imposées, des licences d’exportation furent néanmoins délivrées, notamment par le royaume d’Aragon, afin de permettre le transport de chevaux en dehors de la péninsule Ibérique. Initialement, ces exportations concernaient surtout les Hospitaliers basés à Chypre jusqu’en 1309. Par exemple, en 1304, les frères hospitaliers firent transporter 10 chevaux à Chypre pour « soutenir les efforts en Terre sainte »62. Plus tard, ces exportations prirent la direction de Rhodes, où l’ordre s’établit de 1310 à 1522. C’est certainement dans ce contexte que Foulques de Villaret (m. 1327), grand maître des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, obtint en 1311 l’autorisation d’exporter depuis la Catalogne 64 chevaux et 16 mules63, tandis qu’en 1335, un transport de 4 chevaux fut envoyé sur l’île64.

23. Dans le même temps, la papauté cherchait également à obtenir un soutien logistique pour ses projets militaires. En 1308, le pape initia un projet de croisade et demanda au roi de France d’exercer une pression sur les républiques maritimes de Gênes, Pise et Venise pour qu’elles cessent tout commerce avec les musulmans. Ce projet reposait toutefois sur une contradiction, puisque le pape espérait que Gênes, qui devait assurer un passage sûr pour les chevaliers et les soldats vers la Terre sainte, interdise les échanges commerciaux des « mauvais chrétiens » avec les musulmans. La demande papale incluait également une période de cinq ans durant laquelle Gênes serait autorisée à exporter des chevaux et d’autres marchandises vers le Levant, sans être soumise à des droits de douane ni à des frais supplémentaires. La même année, le pape sollicita également l’aide du roi de France pour faciliter l’envoi de montures vers la Terre sainte, en demandant la levée des péages et des taxes douanières, tout en garantissant des sauf-conduits pour sécuriser le passage des convois65. Plus tard, la question du transport des chevaux demeura présente dans les projets de croisades, en particulier la question du voyage en bateau et des pâturages disponibles sur place pour nourrir les chevaux, ce qui conditionnait les itinéraires envisagés. Ainsi, les choix d’itinéraires se portaient souvent sur Chypre ou l’Arménie, en fonction des conditions logistiques et des ressources disponibles pour soutenir les montures pendant le trajet.

 

Conclusion

24. La contrebande d’armes constituait une réalité importante pour l’économie et la stratégie militaire au Moyen Âge. Malgré les efforts constants de la papauté et des différentes couronnes pour interdire le commerce des chevaux et des armes avec les musulmans, la contrebande demeura une réalité persistante, difficile à éradiquer. Les mesures prises pour encadrer et contrôler ce commerce témoignent de l’ampleur du phénomène et de la difficulté de faire respecter les interdictions. En Andalousie, par exemple, des recensements des équidés furent organisés à plusieurs reprises pour contrôler les populations équines66. Cependant, ces initiatives ne devaient avoir qu’un impact limité face aux réseaux illégaux de marchands. Au cours de la seconde moitié du XIVe siècle, un certain relâchement des interdictions se fit sentir, notamment en raison de la fin de la pax mongolica. Cette période de paix et de stabilité, instaurée par l’Empire mongol, avait facilité les échanges commerciaux à travers l’Asie et l’Europe. Sa fin modifia légèrement les circuits méditerranéens et entraîna une intensification des échanges commerciaux, en particulier avec l’Égypte. Clément VI (r. 1342-1352), confronté aux pressions des marchands, dut délivrer des licences autorisant le commerce avec les musulmans67. Ces documents lui permettaient de réguler dans une certaine mesure les échanges en Méditerranée, tout en permettant à la papauté de renflouer ses caisses grâce aux taxes perçues sur ces transactions. Ces compromis étaient cependant perçus comme une solution temporaire, sans pour autant remettre en cause la politique globale de prohibition. Innocent VI (r. 1352-1362) maintint cette ligne de conduite, en brandissant la menace d’excommunication de manière systématique. En 1354, il associa cette sanction à celle prononcée contre les hérétiques, soulignant la gravité de l’infraction68. Cette interdiction ne se contentait pas de viser les marchands, mais aussi ceux qui facilitaient la contrebande, comme les pirates, corsaires et marins qui transportaient les marchandises interdites69. Cette approche visait à inclure tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement des ennemis de la chrétienté. La politique de prohibition se maintint jusqu’au XVe siècle. En 1422, une nouvelle excommunication fut prononcée contre ceux qui transportaient des chevaux et des armes aux Sarrasins70. En 1470, les Turcs furent également inclus dans ces interdictions, illustrant l’extension continue de la lutte papale contre le commerce des biens stratégique avec les ennemis de la chrétienté71.

 

Mots-clés : commerce ; législation ; chevaux ; croisades

  • 1 Traditionnellement, on désigne sous le terme de croisades les huit expéditions qui s’étalent de l’appel d’Urbain II en 1095 jusqu’à la chute d’Acre en 1291.
  • 2 L’historiographie des croisades est marquée par quelques ouvrages comme celui de R. C. Smail, Crusading Warfare (1097-1193), Cambridge, Cambridge University Press, 1956.
  • 3 A. Hyland, The medieval Warhorse from Byzantium to the Crusades, Stroud, Sutton, 1994 ; id., The Warhorse. 1250-1600, Stroud, Sutton, 1998. L’ouvrage d’Abbès Zouache aborde les questions des effectifs des cavaleries en Syrie-Palestine à la fin du xie et au début du xiie siècle : A. Zouache, Armées et combats en Syrie (491/1098-569/1174), Damas, Presses de l’IFPO, 2008.
  • 4 Des travaux récents soulèvent la question de ces marchés en chevaux de guerre et de leur circulation. Pour l’Italie : F. Ansani, Il cavallo da guerra e lo Stato del Rinascimento, Bologna, Il Mulino, 2024 ; pour l’Angleterre, E. Herbert-Davies, The Warhorse in England Under Edward I and Edward II: 1272-1327, thèse de doctorat en philosophie, University of Leeds, sous la direction de A. Murray, K. Watts, 2024.
  • 5 La relation entre réforme grégorienne, Reconquista et croisade ont suscité l’écriture de quelques travaux, dont on peut trouver une présentation dans J. Flori, Croisade et chevalerie. xie-xiie siècles, Paris-Bruxelles, De Boeck Université, 1998, p. 51-52.
  • 6 A. Vauchez, « La notion de Miles Christi dans la spiritualité occidentale aux xiie et xiiie siècles », Chevalerie et christianisme aux xiie et xiiie siècles, M. Aurell, C. Girbea (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, pp. 67-75. En ligne, consulté le 13 décembre 2024. URL : https://books.openedition.org/pur/112952.
  • 7 Cette idée de « guerre juste » est issue de la pensée de Saint Augustin qui la définit selon trois éléments : ses buts doivent être purs et conformes à la justice ; elle doit être faite avec amour, sans haine et sans mobiles d’intérêts personnels ; elle doit être publique et non privée : J. Flori, Guerre sainte, jihad, croisade. Violence et religion dans le christianisme, Paris, « Points », Seuil, 2002, p. 43-47 ; id., La guerre sainte. La formation de l’idée de croisade dans l’Occident chrétien, Paris, Aubier, 2001, p. 37-39 ; F.-P. Chanut, « Guerre sainte et guerre juste au Moyen Âge : variations conceptuelles entre Occident chrétien et terres musulmanes », Les chrétiens, la guerre et la paix, B. Bethouart, X. Boniface, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 101-118.
  • 9 8=J. Flori, Croisade et chevalerie, op. cité, p. 63. M. Aurell, « Rapport introductif », Chevalerie et christianisme aux xie et xiiie siècles, M. Aurell, C. Girbea (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 12-48.
  • 10 Ibid. ; « Historia Hierosolymitana », Recueil des historiens des croisades, Historiens occidentaux, Paris, 1879, t. 4, p. 14.
  • 11 J. Richard, L’esprit de la croisade, Paris, Éd. du Cerf, 2000, p. 33-38 ; Id., La guerre sainte : la formation de l’idée de croisade dans l’Occident chrétien, Paris, Aubier, 2001, p. 324-332.
  • 12 M. Balard, Croisade et Orient latin. xie-xive siècles, Paris, Armand Colin, 2024 (3e édition), p. 52-53. Pour autant, cet intérêt pour la papauté revêt plusieurs discours, le premier idéologique et moralisateur, le deuxième réaliste et politique. Par ailleurs, sous Grégoire VII, la reconquête de la péninsule semble liée avant tout à des intérêts temporels. Voir J. Flori, Guerre sainte, jihad, croisade, op. cité, p. 214, p. 218-219.
  • 13 M. Balard, Croisade et Orient latin, op. cité, p. 52.
  • 14 D. Baloup, La Reconquête : un projet politique entre chrétienté et islam, Malakoff, Armand Colin, 2023, p. 106.
  • 15 Ibid. L’évêché de Tarragone était envisagé comme un avant-poste de la lutte contre les Sarrasins.
  • 16 M. Balard, Croisade et Orient latin, op. cité, p. 53.
  • 17 D. Baloup, La Reconquête : un projet politique entre chrétienté et islam, op. cité, p. 107.
  • 18 A. Demurger, « La papauté entre croisade et guerre sainte », Regards croisés sur la guerre sainte. Guerre, idéologie et religion dans l’espace méditerranéen latin (xie-xiiie siècle), D. Baloup, P. Josserand (dir.), Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2006, p. 115-131. En ligne, consulté le 13 décembre 2024, URL : https://books.openedition.org/pumi/41368.
  • 19 D. Jacoby, « The supply of war materials to Egypt in the crusader period », Commercial Exchange across the Mediterranean. Byzantium, the Crusader Levant, Egypt, Italy, D. Jacoby (éd.), pt. III, 2005, p. 153-170 ; S. Menache, « Papal Attempts at a Commercial Boycott of the Muslims in the Crusader Period », Journal of Ecclesiastical History, n°63, 2012, p. 236-259 ; J. Richard, «Le royaume de Chypre et l’embargo sur le commerce avec l’Égypte (fin xiiie-début xive siècle) », Académie des Inscriptions et Belle Lettres, Comptes-rendus des séances de l’année 1984, 1984, p. 120-134 ; A. Lostumbo, « Qui saracenis arma deferunt. Il papato e il contrabbando di armi durante le cruciate », Nuova Antologia militare. Revista interdisciplinare della società italiana di storia militare, n°5, 2024, p. 243-271 ; J. Trenchs Odena, « Les « “Alexandrini” ou la désobéissance aux embargos conciliaires ou pontificaux contre les Musulmans », Islam et chrétiens du Midi (xiie-xive s.), Toulouse, Éditions Privat, 1983, p. 169-193.
  • 20 S. Menache, « Papal Attempts at a Commercial Boycott of the Muslims in the Crusader Period », op. cité, p. 242.
  • 21 M. Balard, Les Latins en Orient. xe-xve siècle, Paris, Presses universitaires de France, 2006, p. 264.
  • 22 J. Richard, Histoire des croisades, Paris, Fayard, 1996, p. 287.
  • 23 H. Hagenmeyer (éd.), Epistulae et chartae ad historiam primi belli sacri spectantes : die Kreuzzugsbriefe aus den Jahren 1088-1100, New-York, Georg Olms Verlag, 1973, lettre n° 2, p. 157.
  • 24 Raymond d’Aguilers, « Historia Francorum », Recueil des historiens des croisades, Historiens occidentaux, Paris, 1876, t. 3, p. 245.
  • 25 Ibid., p. 246.
  • 26 G. Petti Balbi, « Il devetum Alexandrie e i genovesi tra scomuniche e licenze (sec. xii-inizio xv) », Male ablata. La restitution des biens mal acquis (xiie-xve siècle), J.-L. Gaulin, G. Todeschini (dir.), Rome, Publications de l’École française de Rome, 2019, p. 51-86. En ligne, URL : https://books.openedition.org/efr/35535.
  • 29 27=J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” (El commercio prohibido con los musulmanes y el papado de Aviñon durant la primera mitad del siglo xiv) », Anuario de estudios Medievales Barcelona, n°10, 1980, p. 237-320, p. 246. 28=Les registres d’Innocent IV (1243-1254), E. Berger (éd.), Paris, Thorin, 1884, t. 1, p. 497, n°3303. J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” (El commercio prohibido con los musulmanes y el papado de Aviñon durant la primera mitad del siglo xiv) », op. cité, p. 247.
  • 30 M. Balard, Les Latins en Orient, op. cité, p. 190.
  • 31 Ibid.
  • 32 Ibid., p. 192.
  • 33 Jean de Joinville, Historiens et chroniqueurs du Moyen Âge. Robert de Clari, Villehardouin, Joinville, Froissart, Commynes, A. Pauphilet (éd.), Paris, Gallimard, 1952, p. 234.
  • 34 Cité dans J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” (El commercio prohibido con los musulmanes y el papado de Aviñon durant la primera mitad del siglo xiv) », op. cité, p. 249 ; Les registres d’Urbain IV, J. Guiraud (éd.), Paris, A. Fontemoing-E. de Boccard, t. 3, p. 75, n°2992.
  • 35 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” (El commercio prohibido con los musulmanes y el papado de Aviñon durant la primera mitad del siglo xiv) », op. cité.
  • 36 G Galasso, « Charles Ier et Charles d’Anjou, princes italiens », Les princes angevins du xiiie au xve siècle. Un destin européen, N.-Y. Tonnerre, É. Verry (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 85-98. En ligne, URL : https://books.openedition.org/pur/18332.
  • 37 Les questions des contrôles aux frontières ont notamment été étudié par K. Toomaspoeg, « “Quod prohibita de regno nostro non extrahant”. Le origini medievali delle dogane sulla frontiera tra il Regno di Sicilia e lo Stato pontifico (secc. xii-xv) », Apprendere ciò che vive. Studi offerti a Raffaele Licinio, V. Rivera Magos, F. Violante (dir.), Edipuglia, 2017, pp. 495-526, p. 511.
  • 38 M. Pino Abad, « La saca de cosas vedadas en el territorial castellano », Anuario de Historia del derecho Español, n°70, 2000, p. 195-243, p. 201, p. 205.
  • 39 O. R. Constable, Trade and traders in Muslim Spain. The commercial realignment of the Iberian Peninsula 900-1500, Cambrige, Cambridge University Press, 1994, p. 236.
  • 40 D. Baloup, La Reconquête : un projet politique entre chrétienté et islam, op. cité, p. 145.
  • 41 J. Bronstein, The Hospitallers and the Holy Land:Financing the Latin East, 1187-1274, Woodbridge-Rochester, Baydell Press, 2005, p. 97-98.
  • 42 G. L. Borghese, Carlo I d’Angiò e il Mediterraneo. Politica, diplomazia e commercio internazionale prima dei Vespri, Rome, Publications de l’École française de Rome, 2008, p. 150 ; K. Toomaspoeg, « Le ravitaillement de la Terre sainte. L’exemple des possessions des ordres militaires dans le royaume de Sicile au xiiie siècle », Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, n°33, 2002, p. 143-158, p. 151.
  • 43 Cheval de service, assez polyvalent.
  • 44 I registri della cancelleria angioina ricostruiti da Riccardo Filangieri con la collaborazione degli Archivisti Napoletani (abrégé en RCA), Naples, Presso l’Accademia, XII, n°157, p. 34.
  • 45 RCA, XXIV, n°69, p. 122.
  • 46 K. Toomaspoeg, « Carrefour de la Méditerranée et arrière-pays de la croisade : les ordres militaires et la mer au royaume de Sicile », Les ordres militaires et la mer, M. Balard (dir.), Paris, Éditions du CTHS, 2009, p. 103-110, p. 104 ; RCA, VI, n°907, p. 175.
  • 47 RCA, V, n°205, p. 46.
  • 48 RCA, III, n°265, p. 152 ; RCA, IV, n°590, p. 90 ; RCA, V, n°100, p. 19.
  • 49 Les registres de Nicolas IV. Recueil des bulles de ce pape, E. Langlois (éd.), Paris, éd. Ernest Thorin, 1886, p. 910, n°6789, p. 641, n°4403, p. 901, n°6787-6788.
  • 50 J. Richard, «Le royaume de Chypre et l’embargo sur le commerce avec l’Égypte », op. cité, p. 121.
  • 51 Les registres de Nicolas IV, op. cité, p. 641, n°4402.
  • 52 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” (El commercio prohibido con los musulmanes y el papado de Aviñon durant la primera mitad del siglo xiv) », op. cité, p. 250 ; Les registres de Boniface VIII. Recueil des bulles de ce pape, G. Digard, M. Faucon, A. Thomas, R. Fawtier (éd.), Paris, Fontemoing et Cie-E. de Boccard, t. 3, col. 654, n°5016.
  • 53 L. de Mas Latrie, Histoire de l’île de Chypre sous le règne des princes de la maison des Lusignan, Paris, Imprimerie Impériale, t. 2, 1852-1861, p. 126.
  • 54 Ut per litteras apostolicas. Les lettres pontificales : les lettres des papes des xiiie et xive siècles, Turnhout, Brepols, 2004, CD1-2, n°2496.
  • 55 Ut per litteras apostolicas, op. cité, CD1-2, n°2923.
  • 56 D. Jacoby, « The supply of war materials to Egypt in the crusader period », op. cité, p. 128.
  • 57 Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, J. Delaville Le Roulx (éd.), Paris, 1894-1906, t. 3, n°4081, p. 555.
  • 58 Les registres de Boniface VIII, op. cité, t. 1, col. 676, n°1784.
  • 59 S. Schein, Fideles cruci. The papacy, the West, and the recovery of the Holy Land, Oxford, Clarendon Press, 1991, p. 229 ; C. de Ayala Martínez, Los órdenes militares hispánicas en la Edad Media (siglos xii-xv), Arganda del Rey, Latorre Literaria, 2003, p. 453.
  • 60 Ut per litteras apostolicas, op. cité, CD1-2, n°50013. Alphonse XI exigea d’ailleurs un délai supplémentaire de 5 ans dans une lettre de 1334 : Ut per litteras apostolicas, op. cité, CD1-2, n°62515.
  • 61 Crónicas de los reyes de Castilla, desde Don Alfonso el Sabio hasta los católicos Don Fernando y Doña Isabel, C. Rosell (éd.), Madrid, éd. M. Rivadeneyra, 1875-1878, t. 1, chap. 12, p. 10.
  • 62 Archivio de la Corona de Aragón (ACA), Barcelone, reg. 202, fol. 162v.
  • 63 A. Lutrell, « The Aragonese Crown and the Knights Hospitallers of Rhodes. 1291-1350 », The English Historical Review, n°76, 1961, p. 1-19, p. 5.
  • 64 ACA, reg. 509, fol. 140v.
  • 65 Ut per litteras apostolicas, op. cité, CD1-2, n°2986.
  • 66 D. Baloup, La Reconquête : un projet politique entre chrétienté et islam, op. cité, p. 146.
  • 67 D. Coulon, « La documentation pontificale et le commerce avec les musulmans », Les territoires de la Méditerranée (xie-xvie siècle), A. Nef (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 161-192, p. 164 ; id., « “Ad partes Alexandrie” : Les relations des Génois avec l’Égypte du xie au xve siècle », Genova. Una « porta » del Mediterraneo, L. Gallinari (dir.), Brigati-Genova, p. 63-90, p. 77.
  • 68 Ut per litteras apostolicas, op. cité, CD2-1, n°881.
  • 69 Ibid., CD2-1, n°1689.
  • 70 A. Theiner, Codex diplomaticus dominii temporalis S. Sedis. Recueil de documents pour servir à l’histoire du gouvernement temporel des États du Saint Siège, 1861-1862, t. 3, p. 277, n°CCIX.
  • 71 Ibid., p. 462, n°CCCXCVII.
 

RSDA 2-2024

Dernières revues

Titre / Dossier thématique
L'animal voyageur
Le chat
Une seule violence
Le soin
Les frontières de l’animalité