Doctrine et débats : Doctrine

Prix Michelet : Proposition de décret relatif à l’interdiction du stockage sur glace et hors de l’eau ainsi que de la mise à mort sans étourdissement préalable des décapodes marcheurs

  • Lucile Carras
    Etudiante de la 13e promotion du D.U. de droit animalier
    Promotion L. Dombreval

« On les assimile volontiers à des "fruits" de mer, que l’on cueille parce qu’ils fournissent de la matière nutritive, éventuellement une chair goûteuse. Ils sont de pures ressources, de la matière, du minerai, comme les céréales. On est à mille lieues d’imaginer ce qu’ils peuvent vivre. En ce qui concerne ces animaux "insignifiants", nous sommes restés à l’an zéro de la libération animale ».
Bonnardel Y. & Playoust-Braure A., 2020, « Le spécisme en actes : l’exploitation animale », in Playoust-Braure A. & Bonnardel Y. (dir.), Solidarité animale : Défaire la société spéciste, La Découverte, pp. 45-84.

1. Si les invertébrés représentent 99 %1 des espèces animales présentes sur Terre, ils sont malheureusement les grands oubliés lorsqu’il est question de bien-être animal. Les crustacés, descendants d’un des embranchements d’invertébrés, les arthropodes, n’échappent pas à ce « mammocentrisme » des règles juridiques2 et souffrent alors, en silence3, de traitements que l’on trouverait inacceptables pour d’autres animaux. Ainsi, chaque année, ce sont des centaines de milliards de crustacés décapodes (crabes, homards, écrevisses…)4 qui sont pêchés ou élevés puis transportés sur de longues distances, commercialisés vivants, stockés les uns sur les autres, parfois à même la glace, pour ensuite être mis à mort de façon cruelle par ébouillantage, démembrement ou congélation.
2. En effet, s’il existe des règles protégeant le bien-être des animaux pendant leur transport et pour leur abattage, celles-ci ne s’appliquent qu’aux vertébrés terrestres et par extension à quelques animaux aquatiques, que sont les poissons d’élevage5.
3. Or, les décapodes marcheurs sont les seuls animaux, qui, après avoir été transportés par camion, bateau et même avion, sont stockés pendant des semaines voire des mois6 – les pinces ligotées, amassés dans des caisses, des viviers ou directement sur de la glace – puis acheminés vivants jusqu’aux cuisines de restaurateurs ou de particuliers pour mourir ébouillantés, démembrés, écrasés, découpés ou congelés.
4. Ces pratiques, contraires à plusieurs impératifs (I), persistent à cause d’une législation inexistante qu’il conviendrait de créer (II). À l’heure où plusieurs États dans le monde se prononcent contre ce genre d’usages, la France, pourtant première consommatrice de homards en Europe7, est dans un attentisme face aux règlements et directives de l’UE8. Mais s’il faut prendre un acte (IV), il importe de tenir compte des implications économiques d’une telle mesure sur les professionnels (III).

I. Des pratiques à amender

5. Les crustacés sont plus de 66 914 espèces aquatiques ou terrestres9 caractérisées par des segments articulés, un corps recouvert de chitine et deux paires d’antennes. Les espèces pêchées ou élevées pour la consommation humaine sont des décapodes10, un ordre de la classe des Malacostracés, regroupant les crustacés les plus évolués11 : crevettes, crabes, langoustes, homards, araignées et cigales de mer, tourteaux, bernard-l’ermite, écrevisses, gambas, etc. Parmi ceux-ci seuls les décapodes marcheurs, comprenant les infra-ordres Anamura (bernard-l’hermite, galathées), Astracidea et Palinura (langoustes, homard, langoustines, cigales de mer etc.), Brachyura (crabes, araignées de mer, etc.), sont apportés vivants, parfois réfrigérés puis tués quelques minutes avant d’être mangés.
6. Les décapodes marcheurs, assimilés à des « fruits » de mer, ont une place de taille dans la cuisine française12. Le homard appelé « poétiquement » « cardinal des mers » ou « cardinal des tables » – selon qu’il a échappé ou pas aux pièges des casiers lancés en mer avec des appâts – ne reçoit pas pour autant un traitement de faveur puisque comme les autres décapodes, il est coutumier de l’ébouillanter ou de le découper vivant13.
7. Ils subissent depuis leur pêche, jusqu’à leur mise à mort, des pratiques contraires à leurs besoins éthologiques (A) et incompatibles avec leur qualité d’êtres sensibles et sentients (B) alors que des alternatives existent (C).

A. Des pratiques contraires aux besoins éthologiques des décapodes marcheurs

8. Avant d’être tués, ces animaux sont transportés pendant de longue durée hors de l’eau. Or, les crustacés possèdent des branchies à l’intérieur d’une cavité qui se trouve dans la carapace leur permettant d’absorber l’oxygène dissous dans l’eau. Ils peuvent survivre hors de l’eau pendant un certain temps car ils accumulent une petite quantité d’eau dans la cavité branchiale permettant à l’oxygène de l’air de se dissoudre dans l’eau puis d’être absorbé dans leur sang14.
9. Une fois pêchés, les décapodes marcheurs sont soit vendus à la criée, soit directement à des mareyeurs qui vont ensuite les revendre à des restaurateurs, poissonniers, grandes surfaces. Certains crustacés longtemps réservés aux tables de fêtes et à des grandes occasions se « démocratisent »15. Ainsi pour répondre à une consommation croissante16 et à la diminution des populations françaises de certains spécimens17 ainsi qu’à l’exigence de prix abordables18, la France importe des crustacés en provenance du Canada et des USA19. Fin mars dernier, la première ferme d’élevage aquacole de homards bleus au monde, « King Lobsters », a été inaugurée en France. Ici les juvéniles ne seront pas relâchés en mer à des fins de repeuplement ou d'élevages en mer comme c’est le cas en Ecosse, en Irlande et au Canada, mais élevés en bassin jusqu’à leur taille adulte et leur commercialisation. Les 20 000 premiers spécimens adultes sont destinés à être exportés dès 2025 à Dubaï et Hong Kong… Une deuxième ferme de homards bleus est déjà prévue à St-Pierre-et-Miquelon20. Ces animaux sont donc manipulés, transportés et acheminés pendant de longues périodes avant d’être mis à mort. Lors du transport il n’est guère pris en compte leur bien-être21 et il n’est pas rare que certains meurent avant même d’arriver dans les étals ou les cuisines.
10. En outre, les crustacés commercialisés vivants doivent être maintenus au froid positif (de 0 à 15°C)22. Les décapodes marcheurs sont ainsi disposés à même la glace, souvent produits d’appel des rayons poissonneries des marchés, grandes surfaces, voire restaurants, alors même que leur conservation est plus longue s’ils sont conservés en eau de mer thermostatée et que l’ANSES préconise qu’il soit procédé ainsi afin de limiter la prolifération de bactéries et microbes23. Leur manipulation est parfois quotidienne, puisqu’ils sont mis et enlevés des étals jusqu’à ce qu’ils soient vendus, causant à ces animaux détresse et anxiété24. Le stockage hors de l’eau et sur glace de ces animaux n’a donc aucune justification hormis celle d’attirer les clients en exposant ces animaux vivants, mais mal en point, en spectacle25. La Cour de cassation italienne a ainsi décidé, à l’instar de la Suisse, d’interdire la conservation des crustacés sur de la glace26.
11. Lors de la vente, les crustacés sont seulement emballés dans un simple sac plastique27, sans eau, puis placés vivants au réfrigérateur, parfois plusieurs jours avant d’être enfin consommés. Il a souvent été avancé que le froid engourdissait les crustacés, les insensibilisait. Pourtant, les crabes répondent toujours aux stimuli après plus de 100 minutes d’exposition à 0°C et jusqu’à 30 à 40 minutes à -37°C 28. Ce refroidissement brusque provoque des modifications physiques et physiologiques généralement associées au stress29 et dans le cas de contractions musculaires forcées observées, peut entraîner des douleurs intenses30. Placer les crustacés au réfrigérateur ou sur de la glace ne fait que prolonger leur souffrance.
12. Lorsqu’ils ont la « chance » d’être conservés dans un vivier, les homards sont malgré tout entassés les uns sur les autres, sans nourriture, et restent parfois plusieurs mois ainsi. Dans la nature, ces animaux sont solitaires, territoriaux, ayant besoin d’espace et de cachettes31. Dans de telles conditions, les animaux deviennent cannibales et agressifs, c’est pourquoi leurs pinces sont neutralisées32. Malgré tout, ils parviennent à se manger les antennes, élément qui permet à certains cuisiniers tels que le chef étoilé Patrick Jeoffroy de savoir s’ils viennent d’être pêchés ou s’ils sont restés en vivier.
13. Les viviers surpeuplés sont également placés en pleine lumière, sans aucune cachette, exposés au bruit et vibrations, ce qui est complètement antagoniste au milieu et aux comportements naturels de ces espèces et entraine un mal-être avéré33.

B. Des pratiques incompatibles avec la qualité d’êtres sensibles et sentients des décapodes marcheurs

14. Ces pratiques sont incompatibles avec la sensibilité et la sentience34 des décapodes marcheurs. D’un point de vue biologique, les décapodes marcheurs ont un système nerveux composé d’un grand nombre d’éléments, de capteurs sensoriels, de ganglions et de connecteurs intersegmentaires35. Leurs neurones se comptent par centaines de milliers36. Ils ont un sens du toucher très exacerbé « grâce à des centaines de milliers de récepteurs sensoriels, présents notamment sur leurs pinces »37, sachant qu’une sétule38 d’une antennule de crustacés comprend à elle seule entre 320 et 340 cellules réceptrices soit plus de 500 000 mécanorécepteurs sur une antennule39.
15. Ces récepteurs nerveux, appelés nocicepteurs, permettent aux animaux de détecter les températures excessives, la présence de produits chimiques ou nocifs, les blessures mécaniques comme l’écrasement ou le déchirement40 et de se débattre et fuir l’agression physique. Par prudence, les scientifiques considèrent que les réactions des animaux, face à une expérience supposée douloureuse, ne peuvent être que des réflexes. Or, la douleur est l’expérience consciente qui suit, une fois que les signaux ont atteint le cerveau41, et permet une protection à plus long terme grâce à un apprentissage rapide42 modifiant le comportement futur de l’animal43. Un certain nombre de critères ont alors été dégagés comprenant « la composante sensorielle appelée nociception et l’état affectif négatif aversif »44 et ont prouvé que les décapodes marcheurs sont des êtres sensibles, sentients45, qui présentent des biais cognitifs pessimistes similaires à ceux des vertébrés46. Il a été démontré qu’ils peuvent souffrir d’anxiété47 et modifier leur comportement en conséquence, indiquant leur capacité à présenter un « état similaire à l’émotion des mammifères »48.
16. Ainsi, la mise à mort des décapodes marcheurs par découpe, démembrement, congélation, noyade49 et ébouillantage sans étourdissement préalable est cruelle et fait souffrir ces animaux pendant de longues minutes50, d’autant plus qu’ils n’ont pas la possibilité de s’évanouir de douleur et restent conscients jusqu’à ce que leur système nerveux soit complètement atteint. Les décapodes marcheurs ont des nocicepteurs sensibles à la chaleur et démontrent une réelle aversion à être exposés à celle-ci51. Le supplice que subit l’animal est corrélé par ses mouvements vigoureux dans l’espoir de s’échapper52, un choc physiologique, et très souvent une réaction d’autotomie53 ; l’animal, en s’automutilant, cherche à stopper la souffrance qu’il ressent. L’étude menée par la London School of Economics and Political Science sur la qualité d’être sentient des céphalopodes, mollusques et décapodes, à la demande du gouvernement britannique, en 2021, a réexaminé plusieurs centaines de publications scientifiques et a conclu au manque d’éthique de certaines pratiques culinaires et commerciales actuelles, notamment de l’ébouillantage des décapodes54, de la neutralisation des pinces et de la vente à des personnes non formées55.

C. L’instauration d’un étourdissement préalable ou d’une mise à mort immédiate des décapodes

17. De nombreuses alternatives ont été envisagées par les scientifiques à ces méthodes de mises à mort cruelles. Une méthode de mise à mort non cruelle entraine la mort immédiate ou l’inconscience de l’animal jusqu’à sa mort. L’étourdissement est « tout un procédé appliqué intentionnellement à un animal dans le but de le plonger sans douleur dans un état d’inconscience et d’anesthésie, y compris tout procédé entrainant une mort immédiate »56. Les méthodes d’étourdissement recommandées par les scientifiques sont l’électrocution, l’anesthésie et la destruction mécanique des terminaisons nerveuses.
18. La destruction mécanique ou piquage fait cependant débat car les décapodes ont plusieurs centres nerveux. Dans le cas du homard, par exemple, plusieurs ganglions, faisceaux de nerfs, sont répartis tout le long de sa surface inférieure. La destruction mécanique du seul ganglion frontal ne permet alors pas une mort rapide ou une perte de conscience57… Il est ainsi recommandé de le couper en deux de la tête à la queue en un seul geste58 qui, s’il est bien exécuté, ne dure pas plus de 5 secondes… Cette méthode n’est pas à la portée de tout le monde et semble n’être acceptable qu’exécutée par des personnes qualifiées. En outre, l’étourdissement ou l’anesthésie préalables de l’animal59 avant sa mise à mort, même rapide, serait souhaitable. Or, l’usage de chloroforme et d’huile de clou de girofle dans des bains d’eau salée anesthésient et tuent les décapodes60. L’huile de clou de girofle est l’option la plus sûre pour la santé humaine et l’anesthésiant qui en est dérivé, AQUI-S™61, développé en Nouvelle-Zélande, est prometteur pour la mise à mort sans cruauté des décapodes. L’usage de chlorure de potassium avait été indiqué comme une méthode efficace d’euthanasie mais plus longue que celle de la destruction mécanique ou de l’électrocution62.
19. In fine, il a été démontré que l’électrocution est la méthode la plus efficace d’étourdir, voire de mener à la mort, les décapodes63. En effet, les décapodes peuvent être rendus insensibles en une seconde64 puis plongés dans un état d’inconscience prolongée conduisant à la mort entre 10 secondes65 et 2 minutes66. L’étourdissement électrique suivi d’un choc thermique peut être mis en place à grande échelle67, dans les entreprises commercialisant les décapodes et les restaurants, grâce à des machines telles que les Stansas, l’Ace Aquatech68 et le CrustaStun69.

II. Une nécessaire évolution de la législation au sujet de ces pratiques cruelles

A. Les textes invocables au soutien de la réforme

20. En France, la seule réglementation existante relative aux crustacés concerne leur importation70 et l’interdiction de leurs capture et débarquement lorsqu’ils sont en-deçà des critères de poids et de taille fixés et lorsqu’il s’agit de femelles grainées dans un objectif de conservation des stocks71. L’UE protège également les crustacés mais seulement dans un objectif de conservation des ressources halieutiques et des écosystèmes marins72. Pourtant, il y a une volonté non négligeable de réforme73 et de considération du bien-être des animaux aquatiques de la part des français : 91 % mentionnent comme facteur important de « bien-être » pour les poissons une mise à mort rapide et indolore74 et 82 % considèrent qu'abattre en pleine conscience les animaux, sans « étourdissement » préalable, est inacceptable quelles que soient les circonstances75. De nombreuses campagnes et pétitions ont également émergé ces dernières années76, Monsieur Coquerel a interpelé le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation vis-à-vis des souffrances infligées aux crustacés77 et une proposition a été faite dans le cadre du Grand débat national78.
21. Des instruments juridiques peuvent être invoqués au soutien d’une telle réforme, notamment la Déclaration universelle des droits de l’animal qui dispose que « tout être vivant possède des droits naturels et [...] tout animal doté d’un système nerveux possède des droits particuliers »79, ouvrant « la place à une amélioration des droits des animaux comme les crustacés »80. Les principes de bien-être animal consacrés par l’OIE notamment dans son Code sur les animaux aquatiques81 et les cinq libertés individuelles de l’animal peuvent être invoqués et transposés aux décapodes marcheurs82. Le principe de précaution, principe à valeur constitutionnelle83, doit guider cette réforme afin que les décapodes marcheurs, bien que non reconnus comme êtres sentients en France, puissent bénéficier a minima d’une présomption de sensibilité84 et ainsi être protégés des traitements cruels ou portant atteinte à leur conservation85. On doit « s’orienter vers un biocentrisme, la protection du bien-être de tout être vivant »86.
22. Enfin, les articles L. 214-1, L. 214-3 et R. 214-17 du CRPM, réprimant les mauvais traitements envers les animaux sauvages tenus en captivité et exigeant qu’ils soient placés dans les conditions compatibles avec leurs impératifs biologiques, sont également invocables.

B. La position d’autres pays sur le sujet

23. Plusieurs pays ont tiré des enseignements des études démontrant que les décapodes marcheurs sont sentients. Ainsi, de nombreux pays ont entrepris d’instaurer la reconnaissance de la qualité d’être sentient des décapodes marcheurs87 et ont réglementé les pratiques relatives à ces espèces88. La Belgique, elle, amorce le mouvement89.

III. Aspects économiques et réflexions prospectives

24. A l’instar ce qui a été exposé plus haut, cette réforme est nécessaire vis-à-vis des nombreuses études scientifiques démontrant la sensibilité et la sentience des décapodes marcheurs. Elle est confortée par l’opinion publique et des solutions alternatives déjà existantes. Bien sûr, la mise en place d’un protocole reste à faire90.
25. Pour s’assurer de l’étourdissement préalable, d’une mise à mort non cruelle, il est alors inévitable d’interdire la pêche à pied et de loisir91 et la vente aux particuliers de décapodes vivants92. La vente de crustacés « frais »93 serait possible mais à la condition que l’animal soit étourdi et tué préalablement par un professionnel avec les compétences et machines nécessaires. Les professionnels (restaurateur, grandes surfaces…) devront se doter de ces machines et tuer préalablement l’animal en cas de vente à des particuliers. Il serait alors souhaitable de mettre en place un fonds d’accompagnement afin d’effectuer les changements nécessaires et d’acquérir le matériel conforme. La destruction mécanique des systèmes nerveux sera permise dans un premier temps avant que l’ensemble des professionnels se procurent les machines. Néanmoins, le dessein est d’aller vers la systémisation de l’étourdissement par électrocution.
26. Il n’y aura pas de perte économique directe pour ces professionnels grâce au fonds d’accompagnement et la hausse de consommation de produits aquatiques des français94. Les procédés d’étourdissement et de mise à mort présentent de multiples avantages non négligeables, notamment la conservation des animaux deux fois plus longtemps95. En outre, la restauration hors domicile représente 30 % des achats des produits aquatiques96 et cela est amené à augmenter avec l’interdiction de la pêche de loisir et de la mise à mort des décapodes par les particuliers.
27. A l’instar du homard qui doit régulièrement muer pour changer d’exosquelette au fur et à mesure qu’il grandit, la législation française doit évoluer en faveur du bien-être animal et permettre la construction d’une règlementation plus protectrice de la condition animale, y compris pour les animaux aquatiques invertébrés que sont les décapodes marcheurs. Ainsi il est proposé la réforme suivante.

IV. Proposition de réforme

Proposition de décret relatif à l’interdiction du stockage sur glace et hors de l’eau ainsi que de la mise à mort sans étourdissement préalable des décapodes marcheurs

Article 1 – Définitions
Le présent décret vise à réglementer la manière de traiter, détenir et tuer les décapodes marcheurs soit tous les crustacés du sous-ordre Pleocyemata à l’exception des infra-ordres Stenopodidea et Caridea.

Article 2 – Pratiques interdites sur les décapodes marcheurs
Il est interdit de transporter les décapodes marcheurs vivants directement sur de la glace ou dans de l’eau glacée ainsi que de les détenir hors de l’eau adaptée à leurs besoins physiologiques/biologiques (température, oxygénation, salinité…) conformément aux exigences posées par les articles L. 214-1, L. 214-3 et R. 214-17 du Code rural et de la pêche maritime.

Article 3 – Pêche
La capture des décapodes marcheurs est autorisée aux seuls pêcheurs professionnels. Les méthodes et appareils de capture ne doivent pas causer de dommages inutiles aux animaux.
Le 2° de l’article R. 921-88 du Code rural et de la pêche maritime, relatif à la détention et à l’usage de « deux casiers » dans le cadre de la pêche de loisir, est ainsi abrogé.

Article 4 – Conditions de détention et/ou d’élevage
Les viviers dans lesquels sont placés les décapodes marcheurs doivent satisfaire aux besoins des espèces concernées. Ils doivent être adaptés à l’espèce, à la taille, au poids et au nombre d’animaux.
L’eau doit régulièrement être changée afin de maintenir les animaux dans des conditions décentes répondant à des besoins biologiques et sanitaires (nettoyage des déjections, réoxygénation de l’eau, salinité adapté…).
Seuls les éclairages indirects des viviers sont autorisés et un cycle jour/nuit doit être maintenu.
L’entreposage des décapodes marcheurs, soit leur détention sans nourriture, est limitée. A partir d’une certaine durée d’entreposage (déterminée en fonction des espèces et de la température du vivier) il sera considéré qu’il s’agit d’une exploitation aquacole devant alimenter les animaux jusqu’à leur mise à mort. Si les animaux sont destinés à être conservés plus longtemps, ils devront disposer d’un espace plus grand, d’abris et être nourris.
Les établissements d’élevage et de détention des décapodes marcheurs disposant d’un ou plusieurs viviers devront tenir un registre des animaux détenus afin de dater leur présence dans l’installation et de prouver leur conformité vis-à-vis des éléments exposés ci-dessus. L’autorisation d’exploitation d’un vivier prévue à l’article R. 923-46 du Code rural et de la pêche maritime sera conditionnée au respect des prescriptions du présent article.

Article 5 – Manière de traiter les décapodes marcheurs
La manipulation des décapodes marcheurs est encadrée et limitée au strict nécessaire afin de ne pas stresser ces animaux inutilement. Lorsqu’un des animaux est retiré du vivier pour être consommé, il doit être maintenu suffisamment humide durant son transport, ne doit pas être placé au réfrigérateur et doit être consommé dans les heures qui suivent.

Article 6 – Étourdissement obligatoire
I – Les décapodes marcheurs doivent être étourdis au moment de leur mise à mort.
Ainsi, à la sous-section 1 de la Section 4 du Chapitre IV du titre Ier du Livre II de la partie réglementaire du Code rural et de la pêche maritime, dans l’article R. 214-64, I- 1°, après les mots « réalisant l’abattage » sont insérés les mots « ou la mise à mort » et après le mot « lagomorphes » sont insérés les mots « et décapodes marcheurs ».
A la sous-section 1 de la Section 4 du Chapitre IV du titre Ier du Livre II de la partie réglementaire du Code rural et de la pêche maritime, dans l’article R. 214-64, I- 2°, après le mot « lagomorphes » sont insérés les mots « et de décapodes marcheurs ».
II – Les procédés d’étourdissement suivants sont admis :
a) Électrocution ;
b) Destruction mécanique du système nerveux (bain anesthésiant au préalable si possible).
III – Les dispositions du présent article entrent en vigueur le 01 avril 2025, à l’exception du a) du II, en vigueur à partir du 01 janvier 2028.

Article 7 – Mise mort des décapodes marcheurs
I – Seuls les professionnels compétents en la matière (connaissance des machines d’électrocution et/ou des gestes permettant la destruction mécanique rapide du système nerveux de l’animal) sont autorisés à mettre à mort les décapodes marcheurs en ayant procédé préalablement à leur étourdissement.
Une formation leur aura été dispensée en amont pour garantir leur sécurité et la bonne utilisation des machines.
II – Tous les établissements détenant des décapodes marcheurs en vue de leur consommation future doivent disposer d’un appareil d’étourdissement électrique conforme.
A la sous-section 2 de la Section 4 du Chapitre IV du titre Ier du Livre II de la partie réglementaire du Code rural et de la pêche maritime, dans l’article R. 214-72, est ajouté un 3° ainsi rédigé « les décapodes marcheurs au moyen de méthodes reconnues par arrêté du ministre chargé de l’Agriculture ».
L’utilisation de procédés d’étourdissement et de mise à mort non autorisés par arrêté sera punie de l’amende prévue pour les contraventions de 4e classe conformément à l’article R. 215-8, II- 2° du Code rural et de la pêche maritime.
III – Les dispositions du II du présent article entrent en vigueur le 01 janvier 2028.

Article 8 – Encadrement technique, recommandations de bonnes pratiques et adoption d’un arrêté ministériel
I – L’ordre des vétérinaires, le centre national de référence sur le bien-être animal, le Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV) et l’Ifremer sont saisis, pour édicter, au plus tard le 01 janvier 2025, des fiches techniques et recommandations de bonnes pratiques relatives au transport, à l’entreposage et à la mise à mort des décapodes marcheurs.
II – Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, chargé des pêches maritimes et de l’aquaculture, prendra un arrêté relatif au stockage, à l’élevage, à la détention et à la mise à mort des décapodes marcheurs fixant les conditions d’élevage et de détention, les méthodes d’étourdissement autorisées et formulant des recommandations conformes à celles émises au I du présent article au plus tard le 31 mars 2025.

Article 9 – Mise en place d’un fonds d’accompagnement
Le présent décret crée un fonds d’accompagnement vers l’étourdissement électrique systématique des décapodes marcheurs dont la gestion sera déléguée à la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAMPA). Cette dernière élaborera et fixera le montant de ce fonds avec le concours de la Direction générale de l’alimentation (DGAL).
Il devra permettre de :
a) Procurer une aide financière aux établissements d’élevage et de détention, aux restaurateurs et aux entreprises de transformation sur le territoire français afin de couvrir les frais de mise en conformité avec l’arrêté évoqué à l’article 8-II du présent décret.
b) Subventionner des projets de recherche visant à améliorer l’efficacité ou réduire les coûts de production, de fonctionnement ou de maintenance des techniques d’étourdissement des décapodes marcheurs autorisées par l’arrêté évoqué à l’article 8, II du présent décret, ou à élaborer de nouvelles techniques d’étourdissement.

  • 1 PONDER, W.F. & LUNNEY, D. (1999), “The other 99% : the conservation and biodiversity of invertebrates”, Royal Zoological Society of New South Wales, https://doi.org/10.7882/0958608512 ; STELLING, T. (2014), “Do lobsters and other invertebrates feel pain ? New research has some answers”, Washington Post.
  • 2 CHAPOUTIER, G. - 2019, « Les droits de l’animal sous l’éclairage de la biologie », Revue Philosophique de La France et de l’Étranger, 209-3, pp. 325-334.
  • 3 Ces animaux n’ayant pas de cordes vocales, ils n’émettent aucun son lorsqu’ils sont manipulés et tués, ce qui explique pourquoi leur souffrance est si souvent déclinée.
  • 4 V. rien que pour l’aquaculture les chiffres de Fishcount.org appuyés par ceux de la FAO, Numbers of farmed decapod crustaceans, 2017 ; BONNARDEL, Y. & PLAYOUST-BRAURE, A. (2020), « 3. Le spécisme en actes : l’exploitation animale », in PLAYOUST-BRAURE, A., & BONNARDEL, Y. (dir), Solidarité animale : Défaire la société spéciste, pp. 45-84.
  • 5 V. le règlement (CE) n° 1/2005 du 22 décembre 2004 relatif à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes et le règlement (CE) n° 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort.
  • 6 Dans le cas des homards québécois et canadiens, ceux-ci sont pêchés jusqu’à fin juin pour le premier et mi-octobre au plus tard pour le second, pourtant il est courant qu’ils soient sur les tables de réveillon françaises. V. WOLBER, L. (2022, 9 décembre), « Noël : "Pêchés au Canada, vendus vivants en Savoie", une association lance une pétition contre la maltraitance », France 3 Auvergne-Rhône-Alpes ; FINGER, S. (2022, 21 décembre), « Le commerce de homards, sévices cachés des fêtes de fin d’année », Libération.
  • 7 KAHN, L. (2021, 23 novembre), « Au Royaume-Uni, du répit pour les homards », Libération.
  • 8 V. la réponse apportée par le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation à la question écrite posée par M. Coquerel vis-à-vis de la souffrance des homards destinés à la consommation : « La France n'envisage pas la mise en place d'une réglementation nationale allant au-delà de la réglementation européenne. Le ministère de l'agriculture et de l'alimentation a en effet pour priorité d'œuvrer à une meilleure application de la réglementation en vigueur. La question de la sensibilité des animaux hors champ d'application des textes portant sur la protection ou le bien-être des animaux émerge cependant comme un sujet devant être débattu. Des discussions ont été entamées au sein de la plateforme bien-être animal de l'Union européenne sur l'élevage, le transport et l'étourdissement des poissons. Ces échanges, qui n'ont pas vocation à donner lieu dans l'immédiat à un encadrement réglementaire, pourraient par la suite être étendus aux crustacés ».
  • 9 ZHANG, Z.-Q., (2011), “Animal biodiversity: an outline of higher-level classification and survey of taxonomic richness”, Zootaxa, 3148, p. 7.
  • 10 ANSES (2010), « Consommation des poissons, mollusques et crustacés : aspects nutritionnels et sanitaires pour l’Homme », Rapport, Décembre 2010, Edition scientifique.
  • 11 L’ordre des décapodes puise son nom de la présence de dix pattes ambulatoires chez ces crustacés. Leur tête est soudée au thorax (« céphalothorax »), leurs trois premières paires de pattes thoraciques servent de « pattes-mâchoires » tandis que les cinq paires successives, uniramées, sont locomotrices, d’où le nom de l’ordre.
  • 12 VITAUX, J. (2013), « Le homard : à l’américaine ou Thermidor » & « Les écrevisses au pays de Brillat-Savarin, belles rouges dressées en bouquet » in J. VITAUX, Le dessous des plats : Chroniques gourmandes, Paris, PUF, pp. 69-71 et 17-20.
  • 13 Cf les paroles du gastronome Charles MONSELET : « Prenez un beau homard, puis sur sa carapace, Posez une main ferme et quelques sauts qu’il fasse, Sans plus vous attendrir à ses regrets amers, Découpez tout vivant ce cardinal des mers », in VITAUX, J. - 2013, « Le homard : à l’américaine ou Thermidor », op. cit. A noter que dans certains pays, ils sont parfois consommés encore vivants et agités de spasmes : ERIKSEN, L. (2019, 9 juillet), “Live and let dine”, The Guardian.
  • 14 Cette exposition entraine des réactions immunitaires graves et une mort lente par asphyxie qui peut prendre plusieurs jours. V. FOTEDAR, S., & EVANS, L. (2011), “Health management during handling and live transport of crustaceans: a review”, Journal of invertebrate pathology, 106-1, pp. 143-152.
  • 15 Une démocratisation façon « fast-food » inspirée des USA. En effet, la vague du « lobster roll », le sandwich au homard, est en train de se répandre en France avec, entre autres, l’apparition d’une chaîne de restaurants dédiés. Ces bars à homards proposent des sandwichs avec du homard mais également d’autres décapodes (crabes, langoustines…) avec des prix abordables pour un produit qui garde une image haut de gamme.
  • 16 FranceAgriMer (2020), « Consommation des produits de la pêche et de l’aquaculture – Les données », Pêche et Aquaculture – Direction Marchés, études et prospective de FranceAgriMer, édition août 2021 : il y a une augmentation de + 14 % du volume de crustacés frais consommés dans les ménages français en l’espace d’une année, « en témoignent, l’araignée de mer et le tourteau qui sont en forte augmentation, respectivement + 24 % et 25 % en volume ».
  • 17 Les populations de homards bleus bretons (homarus gammarus) sont fortement impactées par la pêche intensive. Dès 1938, il avait déjà été fait part d’inquiétudes quant au déclin rapide des populations – V. ROBERT-MULLER, C. (1938), « La pêche au homard sur la côte bretonne », Revue Des Deux Mondes (1829-1971), 47(2), 424-442. Quant aux crustacés d’eau douce, un quart sont menacés. Les écrevisses à pattes blanches, l'une des trois espèces françaises, sont rares et inscrites sur la liste rouge des espèces menacées – UICN & Muséum national d’Histoire naturelle, « La Liste rouge des espèces menacées en France Crustacés d’eau douce de France métropolitaine ». L’article 436-10 du Code de l’environnement autorise alors la pêche de celle-ci seulement 10 jours dans l’année. En Charente-Maritime, dont le homard était l’étendard, il a presque disparu. Un programme de réintroduction des homards, sur cinq années, unique en France, a vu le jour à l’initiative de Fabienne Le Gall, écogarde, avec, entre autres, le soutien de la DDTM et de la communauté de communes. Ce projet a permis de relâcher des milliers de petits homards dans une zone protégée de l’île de Ré et de sensibiliser des enfants aux enjeux ainsi que de responsabiliser les citoyens en leur permettant de devenir parrain/marraine d’un homard libéré et d’avoir de ses nouvelles – V. Imineo Documentaires (2022), « Homard, un crustacé qui vaut de l’or », reportage réalisé par Manon HEURTEL, Babel Doc Press et SABOURIN, F. (2017), « Réintroduction du homard dans l’île de Ré », Ré à la Hune.
  • 18 Si le homard canadien (homarus americanus) doit parcourir près de 5000 km avant d’arriver en métropole, il reste tout de même 20 à 30 % moins cher une fois sur nos étalages.
  • 19 Les USA et le Canada ont mis au point depuis plusieurs décennies des écloseries et élevages de larves afin de pallier aux captures commerciales intensives en « repeuplant » les mers. V. Andouin, J. (1981), « Aspects techniques des écloseries de homards : production des post-larves et des juvéniles », in Journées d’étude « Aquaculture extensive et repeuplement », Brest, 29-31 mai 1979, publications du CNEXO, série : Actes de Colloques, n° 12, p. 80.
  • 20 BEUVE, J.-P. (2023), « Dans la baie du Mont-Saint-Michel, la ferme aux 20 000 homards », Le Point.
  • 21 Lors des transports en avion, ils ne sont guère mieux transportés, arrivant en France plusieurs jours après avoir été pêchés, amassés dans des cartons alvéolés, sans eau. V. Imineo Documentaires (2022), « Homard, un crustacé qui vaut de l’or », op. cit. V. également FOTEDAR, S., & EVANS, L. (2011), “Health management during handling and live transport of crustaceans: a review”, précit.
  • 22 SOUDAN, F. (1965), La conservation par le froid des poissons, crustacés et mollusques, Ed. Bailliere et fils, Paris, France.
  • 23 ANSES (2010), « Consommation des poissons, mollusques et crustacés : aspects nutritionnels et sanitaires pour l’Homme », op. cit.
  • 24 FOTEDAR, S., & EVANS, L. (2011), “Health management during handling and live transport of crustaceans : a review”, Journal of invertebrate pathology, 106(1), 143-152. Stockés hors de l’eau et sur un milieu glacé, leur consommation d’oxygène dans l’air est difficile et leur production d’acide lactique monte en flèche, ce qui est un signe de stress.
  • 25 Cela renvoie aux restaurants proposant de consommer des animaux vivants ou à d’anciennes pratiques françaises qui consistaient à mélanger « des écrevisses vivantes peintes en rouge à celles cuites disposées en buisson, qui s’agitaient et se trémoussaient lors du service, suscitant selon les cas l’amusement ou la frayeur des convives » (VITAUX, J. (2013), « Les écrevisses au pays de Brillat-Savarin, belles rouges dressées en bouquet », op. cit.).
  • 26 Cour de cassation italienne, affaire n° 30177/2017 - Corte di cassazione penale Sez. 3^ 16 juin 2017 Sentenza n° 30177, http://www.ambientediritto.it/giurisprudenza/corte-di-cassazione-penale-sez-3-16-06-2017-sentenza-n-30177/ : « la souffrance causée par la détention des animaux pendant qu'ils attendent d'être cuits ne peut être justifiée » (traduction personnelle).
  • 27 V. Imineo Documentaires (2022), « Homard, un crustacé qui vaut de l’or », op. cit. ; BLAIR, O. (2015), “Supermarket Criticised for Selling Live Crabs Wrapped in Clingfilm”, The Independent.
  • 28 ROTH, B. & ØINES, S., (2010), “Stunning and killing of edible crabs (Cancer pagurus)”, Animal welfare 19(3), Cambridge University Press, pp. 287- 294.
  • 29 WEINECK, K., RAY, A., FLECKENSTEIN, L., MEDLEY, M., DZUBUK, N., PIANA, E., COOPER, R., (2018), “Physiological changes as a measure of crustacean welfare under different standardized stunning techniques: cooling and electroshock”, Animals 8(9), 158 : les circuits neuronaux restent en effet toujours fonctionnels.
  • 30 ROTH, B., IMSLAND, A. & FOSS, A. (2009), “Live chilling of turbot and subsequent effect on behaviour, muscle stiffness, muscle quality, blood gases and chemistry”, Animal Welfare, vol 18, pp. 33-41.
  • 31 BEARD, T. W., & MC GREGOR, D. (2004), “Storage and care of live lobsters”, Laboratory Leaflet (Revised), 66-66, 1-27, http://doi.org/10.1016/j.jembe.2005.07.015.
  • 32 A noter que dans les élevages d’homards, il est ainsi fait usage « de récipients d’élevage individuel en vue d’éliminer les pertes dues au cannibalisme ». V. ANDOUIN, J. (1981), « Aspects techniques des écloseries de homards », op. cit.
  • 33 CARDER, G. (2017), “A preliminary investigation into the welfare of lobsters in the UK”, Animal Sentience : An Interdisciplinary Journal on Animal Feeling, 2(16), 19.
  • 34 DE WAAL F., (2020), « La dernière étreinte – Le monde fabuleux des émotions animales… et ce qu’il révèle de nous », Les liens qui libèrent, 390 p. ; V. également MAGEE, B. et ELWOOD, R.E (2013), “Shock avoidance by discrimination learning in the shore crab (Carcinus maenas) is consistent with a key criterion for pain”, Journal of Experimental Biology, vol. 216, p. 353-358.
  • 35 LAVERACK, M. S. (1988), “The Numbers of Neurones in Decapod Crustacea”, Journal of Crustacean Biology, 8(1), 1-11.
  • 36 STELLING, T. (2014, 10 mars), “Do lobsters and other invertebrates feel pain ? New research has some answers”, Washington Post.
  • 37 ZERBIB, C., (2022, 11 octobre), « Homards : souffrent-ils lorsqu’ils sont ébouillantés ? » Animalaxy.
  • 38 Poil microscopique qui a une fonction de mécanoréception.
  • 39 LAVERACK, M. S. (1988), “The Numbers of Neurones in Decapod Crustacea”, op. cit.
  • 40 STELLING, T. (2014, 10 mars), “Do lobsters and other invertebrates feel pain ? New research has some answers”, op. cit.
  • 41 ZIMMERMAN, M. (1986), “Physiological mechanisms of pain and its treatment”, Klinishe Anasthesiologie und Intensivtherapie, vol. 32, 1-19 : la douleur chez les animaux est définie comme « une expérience sensorielle aversive causée par une blessure réelle ou potentielle qui suscite des réactions protectrices et végétatives, entraîne un comportement appris et peut modifier le comportement spécifique de l'espèce » (traduction personnelle).
  • 42 MAGEE, B. et ELEWOOD, R.E (2013), “Shock avoidance by discrimination learning in the shore crab (Carcinus maenas) is consistent with a key criterion for pain”, op. cit. ; SNEDDON, L. U. (2009), “Pain perception in fish: indicators and endpoints”, ILAR Journal, vol. 50, pp. 338-342 : les animaux qui souffrent devraient « apprendre rapidement à éviter le stimulus nocif et démontrer des changements durables de comportement qui ont une fonction protectrice pour réduire d'autres blessures et douleurs, empêcher la récurrence de la blessure et promouvoir la guérison et le rétablissement » (traduction personnelle).
  • 43 ELWOOD, R.W. (2019), “Discrimination between nociceptive reflexes and more complex responses consistent with pain in crustaceans”, The Royal Sociaty Publishing, Biological Science.
  • 44 SNEDDON, L.U., ELWOOD, R.W., ADAMO, S.A., LEACH, M.C. (2014), “Defining and assessing animal pain”, Animal Behaviour, vol. 97, pp. 202-212 : 14 des 16 critères de réaction à la douleur actuellement identifiés chez les vertébrés terrestres ont été démontrés pour les décapodes marcheurs.
  • 45 BIRCH, J., BURN, C., SCHNELL, A., BROWNING, H., & CRUMP, A. (2021), “Review of the Evidence of Sentience in Cephalopod Molluscs and Decapod Crustaceans”, London School of Economics and Political Science (LSE). V. également les nombreuses autres études scientifiques citées dans la bibliographie.
  • 46 BATESON, M., BRILLOT, B. O., & NETTLE, D. (2011), “Anxiety : An Evolutionary Approach”, The Canadian Journal of Psychiatry, 56(12), 707‑715 ; V. également ELWOOD, RW., BARR, S., & PATTERSON, L. (2009) “Pain and stress in crustaceans?”, Applied Animal Behaviour Science, vol. 118, pp. 128-136.
  • 47 WEBSTER, S. G., (1996), “Measurement of Crustacean Hyperglycaemic Hormone Levels in the Edible Crab Cancer Pagurus During Emersion Stress”, The Journal of Experimental Biology, vol. 199, pp. 1579-1595 : ils sécrètent une hormone spécifique (hormone hyperglycémiante – CHH) produisant un effet similaire aux hormones de stress chez les vertébrés augmentant les niveaux de glucose et de lactate, effets physiologiques dus aux lésions tissulaires provoquées par l’arrachement d’une pince.
  • 48 FOSSAT, P., BACQUÉ-CAZENAVE, J., DEURWAERDÈRE, P., DELBECQUE, J.-P., CATTAERT, D. (2014),“Anxiety-like behavior in crayfish is controlled by serotonin”, Science, vol. 344, pp. 1293-1297 ; FOSSAT, P., BACQUÉ-CAZENAVE, J., DEURWAERDÈRE, P., DELBECQUE, J.-P., CATTAERT, D. (2015), “Serotonin, but not dopamine, controls the stress response and anxiety-like behavior in the crayfish (Procambarus clarkia)”, Journal of Experimental Biology, 218, pp. 2745-2752.
  • 49 Mise à mort longue et douloureuse des crustacés par bain d’eau douce, ces derniers meurent d’un choc osmotique sévère en 3 à 5 heures à 10°C et en au moins 30 minutes dans une eau chauffée à 38-49°C. V. EDWARDS, E., (1979), Edible crab and its fishery in British waters, Fishing News Books, pp. 42-47.
  • 50 BAKER, J.R., DOLAN, M.B. & COXHILL, J. (1975), “Experiments on the humane killing of lobsters (Homarus vulgaris) and crabs (Cancer pagurus), Part 2 - The exposure of lobsters to electric shock before boiling”, Scientific Papers of the Humane Education Centre, pp. 1-24 : l’agonie dépend de la taille des crustacés ébouillantés, ils mettront plus ou moins de temps à bouillir. Il est ainsi mentionné une durée de 3 minutes pour qu’un homard de 1kg décède.
  • 51 PURI, S., FAULKES, Z. (2015), “Can crayfish take the heat? Procambarus clarkii show nociceptive behaviour to high temperature stimuli, but not low temperature or chemical stimuli”, Biology Open 4(4), pp. 441-448 : réponses d'échappement et de défense vigoureuses au contact d'un fer à souder chaud à 54°C. La sensibilité des nocicepteurs à la chaleur a été confirmé par électrophysiologie.
  • 52 BAKER, J. R. & BENARDE, M.A. & GUNTER, G. (1962), “Humane killing of crustaceans”, Science, 135, pp. 587-588. C’est pourquoi il est toujours recommandé, pour la sécurité des cuisiniers, de ne pas immerger l’animal entièrement, mais de commencer par la tête, car de l’eau bouillante peut-être projetée si l’animal remue et se débat lors de son entrée dans l’eau.
  • 53 GARDNER, C., (2004), “Treating the prawn well on its way to the barbie : welfare of aquatic crustaceans”, in JONES, B., Welfare Underwater : Issues with Aquatic Animals, Proceedings of the 2004 RSPCA Australia Scientific Seminar Canberra, February 26, pp. 21-4. On s’aperçoit en consultant des recettes et conseils en ligne, que certains consommateurs reprochent que les crustacés qu’ils font cuire perdent leurs pinces ou pattes. V. « Cuisson du tourteau – Technique de cuisson du crabe au court-bouillon – Recette par Chef Simon » (2023, 28 avril). Outre le fait qu’il est indiqué qu’il faut « maintenir le crabe immergé » avec une louche (pour éviter qu’il se débatte et tente de sortir de la marmite), on retrouve à la fin de la recette des conseils pour éviter que les pinces se détachent, ce qui semble se produire très souvent lorsque les tourteaux sont ébouillantés. En effet, « on trouve toutes sortes de martingales pour cuire un tourteau sans que les pinces ne se détachent comme le tuer ou le congeler avant de l’ébouillanter, ou le cuire départ eau froide ». Plusieurs commentaires sous la recette font état de ce constat.
  • 54 Soulignons que le Comité scientifique sur la Santé et le Bien-être des Animaux de l’EFSA avait déjà, en 2005, déclaré que « les homards pouvaient ressentir de la douleur et adopter des comportements complexes » et que de ce fait, leur cuisson à vif était probablement à proscrire – Autorité européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), Comité scientifique pour la Santé animale et le Bien-être animal, « Aspects of the biology and welfare of animals used for experimental and other scientific purposes » (2005), 103, pp. 16-17.
  • 55 BIRCH, J., BURN, C., SCHNELL, A., BROWNING, H., & CRUMP, A. (2021), “Review of the Evidence of Sentience in Cephalopod Molluscs and Decapod Crustaceans”, op. cit.
  • 56 Définition contenue dans le règlement européen relatif à l’abattage de 2004.
  • 57 ROTH, B. & ØINES, S., (2010), “Stunning and killing of edible crabs (Cancer pagurus)”, Animal welfare, op. cit. ; JONES, R. C. (2014), “The lobster considered”, in BOLGER, R.K. & KORB, S. (Eds.), Gesturing Toward Reality: David Foster Wallace and Philosophy, Bloomsbury Academic, pp. 85-102.
  • 58 Pratique déjà effectuée par certains chefs. On trouve d’ailleurs des vidéos sur l’exécution du geste : Poiscaille, le circuit court de la mer, (2022, 14 mars), « Comment couper un homard en deux, vivant ? » [Vidéo], YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=bK1-3YfBQmY
  • 59 ROSS, L.G. & ROSS, B., (2008), “Anaesthetic and Sedative Techniques for Aquatic Animals”, Wiley eBooks, 222 p.
  • 60 JAVAHERY, S., NEKOUBIN, H., MORADLU, A. H., (2012), “Effect of anesthesia with clove oil in fish (review)”, Department of Fishery, Gorgan University of Agricultural Sciences and Natural Resources, Gorgan, Iran, published in Fish Physiology and Biochemistry, vol. 38 (6), pp. 1545-1552 ; GARDNER, C. (1997), “Options for humanely immobilizing and killing crabs”, Journal of Shellfish Research, vol. 16, pp 219-224.
  • 61 Ibid. La préparation AQUI-S est un anesthésiant aquatique pour les animaux marins à base d’isoeugénol soit le composé actif du clou de girofle.
  • 62 BATTISON, A., MACMILLAN, R., MACKENZIE, A., ROSE, P., CAWTHORN R. and HORNEY, B. (2000), “Use of injectable potassium chloride for euthanasia of American lobsters (Homarus americanus)”, Comparative Medicine, vol. 50, pp. 545-550 : déclenche l’arrêt cardiaque entre 60 à 90 secondes en moyenne – 35 à 90 secondes lorsque l’animal est placé dans un bassin plutôt « chaud » à 12 degrés, et entre 40 à 132 secondes lorsqu’il est placé dans un bassin entre 1,5 et 2,5 degrés.
  • 63 ROTH, B. & ØINES, S., (2010), “Stunning and killing of edible crabs (Cancer pagurus)”, Animal welfare, op. cit. ; WEINECK, K., and al (2018), “Physiological changes as a measure of crustacean welfare under different standardized stunning techniques: cooling and electroshock”, op. cit. ; ROBB, D. (1999), “The Humane Slaughter of Crustacea: Electrical Stunning”, Department of Food Animal Science, University of Bristol, Langford, UK.
  • 64 ROTH, B., & GRIMSBO, E. (2016), “Electrical Stunning of Edible Crabs (Cancer pagurus): From single experiments to commercial practice”, Animal Welfare, vol. 25(4), pp. 489-497.
  • 65 Des machines telles que le CrustaStun tuent en 5 à 10 secondes seulement.
  • 66 ROTH, B. & ØINES, S. (2010), “Stunning and killing of edible crabs”, Animal welfare, 19(3), op. cit.
  • 67 ROTH, B., & GRIMSBO, E. (2016), “Electrical Stunning (…) From single experiments to commercial practice”, op. cit.
  • 68 Le Stansas est un appareil d’étourdissement à sec au départ utilisé pour les poissons mais adapté aux décapodes, actuellement utilisé pour un usage commercial en Norvège. Au Royaume-Uni, bien que l’étourdissement électrique ne soit pas encore obligatoire pour les décapodes marcheurs, des grandes chaînes telles que Waitrose, Marks & Spencer, Tescos, le pratiquent déjà. V. Crustacean Compassion, “Humane Stunning and Slaughter”, https://www.crustaceancompassion.org/slaughter.
  • 69 NEIL, D., (2010), “The effect of the Crustastun on nerve activity in crabs and lobsters”, Project Report, University of Glasgow, Glasgow, UK ; ALBALAT, A., GORNIK, S., THEETHAKAEW, C., & NEIL, D., (2008), “Evaluation of the quality of Langoustines after being killed by the Crustastun”, University of Glasgow, Available at: http://eprints.gla.ac.uk/81427/; DUNCAN, A., (2020), “Crustastun: Top Chefs Support Humane Dispatch of Lobster and Crab in their Kitchens”, The Chefs’ Forum, en ligne : https://thechefsforum.co.uk/crustastun-top-chefs-support-humane-dispatch-of-lobster-and-crab-in-theirkitchens/. Cette machine est déjà utilisée par de grands chefs tels que Giorgio Locatelli, Nigel Bloxham et Raymond Blanc qui estiment d’ailleurs que la chair des animaux tués de cette manière est plus tendre et juteuse, conséquence de l’absence de stress et de souffrance sur les muscles. V. GOLEMBIEWSKI, K. (2022), « U.K. Recognizes Lobster Sentience », Discover Magazine, https://www.discovermagazine.com/planet-earth/u-k-recognizes-lobster-sentience.
  • 70 Arrêté du 25 juillet 1986 relatif à la réglementation des conditions d'importation en France des produits de la mer et d'eau douce destinés à la consommation humaine : met en place une inspection sanitaire et la présentation d’un certificat de salubrité.
  • 71 Arrêté du 26 octobre 2012 déterminant la taille minimale ou le poids minimal de capture des poissons et autres organismes marins (pour une espèce donnée ou pour une zone géographique donnée) effectuée dans le cadre de la pêche maritime de loisir – Arrêté du 28 janvier 2013 déterminant la taille minimale ou le poids minimal de capture et de débarquement des poissons et autres organismes marins pour la pêche professionnelle modifié par l’arrêté du 8 mars 2023 – L’article 6 interdit de « pêcher transborder, débarquer, transporter, exposer, vendre, stocker ou, en connaissance de cause, acheter les organismes marins dont la taille ou le poids sont inférieurs à ceux fixés à l'annexe I ». V. également l’article R. 436-18 du Code de l’environnement pour les écrevisses, crustacés d’eau douce.
  • 72 V. notamment règlement (UE) 2019/1241 du Parlement européen et du Conseil du 20 juin 2019 relatif à la conservation des ressources halieutiques et à la protection des écosystèmes marins par des mesures techniques qui pose ainsi quelques restrictions par exemple sur l’utilisation de casiers et de nasses – Partie C 5. « Il est interdit de détenir à bord ou de mouiller plus de 250 casiers ou nasses par navire en vue de capturer des crustacés d’eau profonde ». Les règlements européens relatifs à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes et au moment de leur mise à mort ne s’appliquent pas à ces espèces du fait de leur qualité d’invertébrés.
  • 73 IFOP, (2023, 12 avril), Les Français et la condition animale – « 75 % des personnes interrogées estiment que le gouvernement n’est pas suffisamment engagé en faveur de la protection des animaux. En outre, l’idée de la création d’une délégation interministérielle dédiée à la condition animale recueille une nette adhésion [82 % de [favorables] ». De nouvelles conditions de transport sont exigées : 87 % d’adhésion pour la limitation de la durée de transport d’animaux vivants, 80 % d’adhésion à l’interdiction de l’exportation d’animaux vivants en dehors de l’Union Européenne et 83 % à l’interdiction du transport d’animaux non sevrés sans leur mère.
  • 74 ComRes, (2018), Eurogroup for Animals/Compassion in World Farming – Fish Welfare Survey, ALL May 2018, https://www.politique-animaux.fr/fichiers/fish_welfare_survey_-_comres_pour_eurogroup_for_animals_ciwf_-_2018.pdf
  • 75 IFOP (2022), Les Français et le bien-être des animaux – Vague 5 (2022) – IFOP pour la Fondation 30 Millions d’Amis, p. 47, en ligne : https://www.politique-animaux.fr/sites/www.politique-animaux.fr/fichiers/francais-bien-etre-animaux-ifop-f30ma-2022.pdf.
  • 76 V. notamment les pétitions de : Change.org adressées au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation visant à en finir avec l’ébouillantage des crustacés (homards, crabes, langoustes) ; PETA France, « Entassés dans des cartons, enfermés dans des bassins : le supplice des homards vivants vendus par Monoprix » – Espace média – PETA France. Justice Animaux Savoie (AJAS) a lancé une campagne de sensibilisation « Pêchés vivants au Canada et vendus vivants en Savoie » et une pétition vis-à-vis de la maltraitance des homards destinés à être présents sur les tables de réveillon françaises, après de longs mois de souffrances ; WOLBER, L. (2022, 9 décembre), « Noël : “Pêchés au Canada, vendus vivants en Savoie” , une association lance une pétition contre la maltraitance », France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
  • 77 Question écrite n° 15381 posée par M. Eric COQUEREL au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation en 2018 vis-à-vis de la souffrance des homards destinés à la consommation ; https://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-15381QE.htm.
  • 78 « Étourdir les homards et autres crustacés avant de les ébouillanter », (s. d.). Le Grand Débat National, en ligne : https://granddebat.fr/project/la-transition-ecologique/collect/participez-a-la-recherche-collective-de-solutions-1/proposals/etourdir-les-homards-avant-de-les-tuer-ebouillanter.
  • 79 Préambule de la Déclaration universelle des droits de l’animal de 1978. Cela implique notamment que la mise à mort d’un animal doit être instantanée, indolore et non génératrice d’angoisse (article 5 DUDA, 2018) et l’interdiction des actes de cruauté (article 4, al. 1, DUDA, 2018) ainsi que celle des actes infligeant sans nécessité douleur, souffrance ou angoisse (article 4, al. 2, DUDA, 2018).
  • 80 CHAPOUTIER, G. (2019), « Les droits de l’animal sous l’éclairage de la biologie », op. cit, p. 333.
  • 81 Code sanitaire de l’OMSA sur les animaux aquatique, art. 7.1.2. (1), b) : « il existe une relation très forte entre la santé des poissons et leur bien-être ». Des recommandations sont édictées sur le transport des poissons d’élevages et leur abattage (compétences et responsabilité du personnel, conteneurs de transports adaptés, méthodes d’abattages…) qui peuvent inspirer.
  • 82 Le bien-être dépendant des efforts que doit faire l’animal pour s’adapter à son environnement (BROOM, D. M. et al., Bien-être animal, éditions du Conseil de l’Europe, 2006, p. 19), nul doute que les conditions de détention et de traitements des décapodes marcheurs posent problème.
  • 83 Consacré à l’article 5 de la Charte de l’environnement et transposé à l’article L. 110-1 du Code de l’environnement.
  • 84 BRELS, S. (2016), « Le droit du bien-être animal dans le monde : évolution et universalisation », Thèse pour l’obtention d’un doctorat en droit, Université de Laval, Québec, Canada, 453 p. Sabine Brels plaide pour appliquer le principe de précaution, à travers la présomption de sensibilité pour les animaux dont celle-ci n’est pas encore accordée et consacrée. Il s’agit ainsi de laisser place au bénéfice du doute selon ce postulat : « rien n’autorise à prétendre […] que l’animal ne souffre pas sous prétexte qu’il n’est pas prouvé qu’il souffre » (NOUËT, J.-C. et T. AUFFRET VAN DER KEMP, Homme et animal : de la douleur à la cruauté, L’Harmattan, 2008, p. 16).
  • 85 Un encadrement plus strict de la pêche de certaines espèces (homards, écrevisses…) devrait être instauré.
  • 86 CHAPOUTIER, G. (2019), « Les droits de l’animal sous l’éclairage de la biologie », op. cit.
  • 87 Dernièrement le Royaume-Uni a reconnu les homards et les pieuvres comme des êtres sentients (Animal Welfare (Sentience) Act 2022 – Government Bill – https://bills.parliament.uk/bills/2867). Néanmoins, aucune réglementation n’a encore été prise afin de les protéger de certaines pratiques cruelles… malgré le soutien de l’Association des vétérinaires britanniques et de nombreuses personnalités publiques qui ont publié le 24 août 2020 un nouveau document formulant 67 recommandations au gouvernement britannique pour l'amélioration du bien-être des animaux lors de l'abattage – V. British Veterinary Association (BVA), Policy Statement, « BVA position on the welfare of animals at slaughter » (https://www.bva.co.uk/media/3664/fullposition-bva-position-on-the-welfare-of-animals-at-slaughter.pdf). En parallèle, The Humane Slaughter Association (HSA) a décidé de mettre à disposition plus de 1,7 millions de livres sterling pour soutenir la recherche scientifique visant à améliorer le bien-être des poissons d'élevage, des crustacés décapodes et/ou des céphalopodes pendant l'abattage.
  • 88 L’ébouillantage des crustacés sans étourdissement est ainsi interdit en Norvège, en Autriche, en Nouvelle-Zélande et par ricochet aux USA avec le Lacey Act. L’Italie interdit d’entreposer les crustacés sur de la glace (affaire n° 30177/2017, Corte di cassazione penale Sez. 3^ 16/06/2017 Sentenza n° 30177) et la province de Reggio Emilia, l’ébouillantage sans étourdissement. Enfin, en 2018, la Suisse a adopté une ordonnance qui modifie l’ordonnance sur la protection des animaux du 23 avril 2008 afin que soient désormais étourdis les décapodes marcheurs avant leur mise à mort et que leur transport sur de la glace soit aboli. En outre, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a émis des fiches thématiques sur l’entreposage et la mise à mort des décapodes marcheurs.
  • 89 Conseil Wallon du bien-être animal, « Proposition d’Avis du Conseil wallon du bien-être animal concernant l’étourdissement des décapodes marcheurs » (13 septembre 2018).
  • 90 Les fiches techniques élaborées en Suisse à ce propos sont très instructives, consultables en ligne.
  • 91 En outre, l’interdiction de la capture des décapodes marcheurs dans le cadre de la pêche non professionnelle permettrait de respecter l’intégrité des sites, de s’assurer de la conservation des espèces et des retombés économiques positives pour les pêcheurs professionnels et restaurateurs. En effet, « ces pêcheurs très occasionnels ne connaissent en général, ni les tailles, ni les quantités réglementaires de ce qu’ils ramassent (…). Ils sont moins respectueux de l’intégrité du site : 80 % des “estivaux” laissent retournés les rochers qu’ils ont déplacés, d’après une enquête réalisée un jour d’août 2005 par l’association IODDE (Ile d'Oléron Développement Durable Environnement) sur un site d’Oléron “envahi” par 4 000 pêcheurs. Des estimations basses pour l’ensemble du littoral normand (AESN, 2004) sont de 15000 pêcheurs à pied “habitués” engendrant 1,5 millions d’euros de retombées économiques. Certains gisements naturels de coquillages sont menacés d’épuisement » – ANSES (2010), « Consommation des poissons, mollusques et crustacés : aspects nutritionnels et sanitaires pour l’Homme », op. cit.
  • 92 Cela a notamment été décidé en Suisse.
  • 93 Soit de crustacés vivants quelques minutes avant leur achat et non pas déjà cuits, surgelés ou en conserve, sous film plastique.
  • 94 Au cours des quinze dernières années, la quantité de produits aquatiques consommés par français a augmenté, en moyenne, de 2 % par an – ANSES (2010), « Consommation des poissons, mollusques et crustacés : aspects nutritionnels et sanitaires pour l’Homme », op. cit.
  • 95 Outre les avantages gustatifs, « un produit passant par le Crustastun se conserve jusqu'à 2 fois plus longtemps. En effet, l'absence d'hormones de stress permet à la chair de mieux se conserver. La chair ne reçoit pas l'information d'une mort imminente grâce au courant qui entraîne une interruption immédiate de la fonction nerveuse. […] L'effet de la livraison de courant permet de tuer les bactéries rendant la chair non cuite sûre jusqu'à 48H après l'électro-étourdissement. Ceci rend plus sûr le travail de la chair crue. Cette révolution permet aux crustacés faibles ou mourants d'être conservés, une fois morts, pour une cuisson ultérieure. Ceci apporte un vrai gain d'argent et évite de jeter la marchandise » : Crustastun BZH, « Les avantages du Crustastun », https://www.crustastunfrance.fr/le-produits.
  • 96 Ibid.
 

RSDA 1-2024

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