Doctrine et débats : Colloque

La sémantique des animaux non-humains (ou La sémantique de l’« animal »)

  • Marie-Claude Marsolier
    Directrice de recherche, génétique
    UMR 9198, CEA Saclay, Gif-sur-Yvette
    UMR 7206, Éco-anthropologie
    Muséum national d’Histoire naturelle, Paris

Résumé
Notre langage à la fois reflète et conditionne nos représentations. Les termes désignant des êtres vivants et les expressions qui leur sont associées à la fois révèlent la valeur que nous leur accordons et déterminent notre comportement envers eux. Or la sémantique des animaux non-humains est caractérisée d’une part par sa négativité et d’autre part par une différentiation largement arbitraire par rapport au lexique relatif aux humains. L’opposition axiologique entre les concepts d’humanité et d’animalité ou de bestialité permet d’apprécier le degré de nos violences symboliques envers les autres animaux, violences symboliques qui cautionnent idéologiquement les violences physiques que nous leur infligeons. La diminution de ces violences misothères ne peut se produire sans des changements de nos habitudes langagières, dont quelques-uns sont ici suggérés, en particulier la restriction de l’emploi d’animal à son acception scientifique qui inclut les humains, et l’extension du terme personne aux individus non-humains dont les caractéristiques cognitives et émotionnelles sont proches de celles des humains (vertébrés et céphalopodes notamment).

Abstract
Our language reflects and conditions our representations. The terms used to designate living beings and the expressions associated with them reveal the value we place on them and determine our behavior towards them. However, the semantics of non-human animals is characterized on the one hand by its negativity, and on the other by a largely arbitrary differentiation from the lexicon relating to humans. The axiological opposition between the concepts of humanity and animality or bestiality enables us to assess the degree of our symbolic violence towards other animals, a symbolic violence that ideologically supports the physical violence we inflict on them. The reduction of this misotheristic violence cannot be achieved without changes in our linguistic habits, some of which are suggested here, notably the restriction of the use of the term animal to its scientific meaning, which includes humans, and the extension of the term person to non-human individuals whose cognitive and emotional characteristics are close to those of humans (vertebrates and cephalopods in particular).

1. Nous examinerons d’abord le terme animal lui-même et son synonyme bête, puis nous élargirons notre perspective à la différentiation entre les termes se rapportant aux humains et aux non-humains. L’importance politique du langage sera rappelée dans une deuxième partie, puis nous finirons notre exposé par quelques suggestions pour faire évoluer nos pratiques langagières. Dans ce texte, les expressions les animaux non-humains, les non-humains ou les autres animaux sont synonymes, et les humains remplace les êtres humains par ellipse. Sauf mention spéciale, les définitions et les citations proviennent du Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi), mis à disposition en ligne par le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales du CNRS1.

I. Les « animaux » et les « bêtes »

A. La catégorie sociale des « non-ayants droit »

2. Le terme français animal est un emprunt du latin animal, qui désigne un « être animé », c’est-à-dire pourvu d’une anima, « souffle, principe de vie, âme » (âme dérive directement du latin anima). Animal pouvait désigner un humain en latin (l’expression animal rationale, « animal raisonnable », a longtemps été citée pour caractériser les humains), mais possédait déjà le sens spécialisé d’« animal non-humain » et était déjà en ce sens un terme injurieux2. Le français animal a conservé cette ambigüité. En effet, dans son acception scientifique, animal est synonyme de métazoaire, qui désigne un organisme multicellulaire eucaryote (dont les cellules possèdent un noyau), hétérotrophe (se nourrissant de molécules produites par d’autres organismes vivants), organisé en tissus et mobile, au moins à certaines phases de son cycle de vie3. En ce sens, les humains sont à l’évidence des animaux, appartenant à l’ordre des primates, et dont les espèces les plus proches phylogénétiquement sont les chimpanzés et les bonobos. Cette définition pour animal répond aux critères d’une catégorisation logique en ce qu’elle regroupe sans exclusion arbitraire des éléments sur la base de caractères partagés, ici une ascendance commune : tous les animaux actuels descendent de la même espèce ancestrale.
3. Cependant, dans son acception la plus courante, animal désigne un animal non-humain, spécifiquement par opposition aux humains. Le TLFi par exemple propose pour ce sens restreint la définition « être animé privé de raison » et mentionne explicitement l’opposition avec les humains. Cette acception courante d’animal est aussi celle qui est utilisée dans le langage juridique, ce qui la cautionne et la renforce considérablement. Un synonyme d’animal dans cette dernière acception est le substantif bête. Bête est un emprunt du latin bestia qui avait déjà le sens d’« animal non-humain » et qui désignait plus particulièrement les non-humains forcés à combattre des gladiateurs ou des condamnés dans les arènes4. Le français a retenu ces deux acceptions avec les connotations de férocité pour le nom bête, mais l’adjectif bête qui en est dérivé est pour sa part synonyme de stupide, autre caractéristique attribuée par défaut à tous les non-humains.
4. Les désignations animal (dans son sens courant) et bête pourraient être considérées comme anodines, mais elles sont des éléments importants des discours sur les animaux non-humains et leur sont en réalité fortement préjudiciables. On peut d’abord noter qu’animal (au sens d’« animal non-humain ») et bête sont des termes simples (et non des périphrases), utilisés pour englober tous les animaux non-humains en bloc. La simplicité de leur forme (un seul mot, court) leur donne l’apparence de désigner des catégories fondamentales, logiques, par opposition à l’expression animal non-humain qui fait clairement apparaître une construction intellectuelle. Cette simplicité soutient implicitement la pertinence de leur signifié, c’est-à-dire la pertinence de regrouper en un seul ensemble des organismes aussi hétérogènes que des mollusques, des vertébrés et des annélides. Or la catégorie des animaux non-humains n’est pas construite de façon scientifique. Les ensembles construits scientifiquement sont définis par le partage de propriétés spécifiques entre leurs membres, et ces ensembles rationnels ne peuvent être construits négativement, sur la base de différences (non-humain) ou d’absence d’attributs (absence de langage articulé ou absence de « raison »). Comme il n’existe aucun caractère positif qui soit partagé par tous les non-humains et qui leur soit spécifique, c’est-à-dire qui soit absent chez les humains, les termes bête et animal au sens d’ « animal non-humain » ne désignent pas des catégories scientifiquement légitimes. Bête et animal au sens courant constituent des catégories non scientifiques et négatives. Ce dernier trait peut être difficile à percevoir car ces mots ne comportent pas d’éléments privatifs comme a-, in- ou non-, mais il s’agit réellement de catégories d’exclusion5 dans la mesure où leurs éléments sont définis non pas par leurs propres caractéristiques, mais par référence à des éléments externes, en l’occurrence les humains. Les « bêtes » et les « animaux » dans le sens courant sont définis en premier lieu par ce qu’ils ne sont pas : des humains ; ce qu’ils sont, leurs caractéristiques, n’a pas d’intérêt. D’où l’usage dans ce texte de l’expression animaux non-humains qui explicite la négativité de cette catégorisation (que nous ne reprenons que pour la dénoncer). Ce regroupement dévalorisant d’individus aussi hétérogènes opéré par les termes bête et animal remplit en fait une fonction non pas scientifique, mais stratégique en établissant une relation d’opposition et de pseudo-symétrie entre les humains d’un côté et tous les autres animaux de l’autre6. Comme l’ont parfaitement exprimé Yves Bonnardel et Axelle Playoust-Braure7, bête et animal désignent la catégorie sociale des « non-ayants droit », des êtres sensibles privés de droits fondamentaux – le droit à ne pas être asservi ni exploité, à ne pas être torturé ni tué, en un mot la catégorie des êtres « tuables », qu’on peut tuer soit légalement avec le soutien de l’État (chasse, boucherie, pêche), soit même illégalement mais dans l’immense majorité des cas sans encourir de sanction significative.
5. De façon cohérente avec leur interprétation sociale ainsi exposée, bête et animal sont des injures, et la comparaison, voire l’assimilation de groupes humains à des animaux non-humains (par exemple les rats pour les Juifs, des singes non-humains pour les Japonais pendant la deuxième guerre mondiale) sont en général le sinistre prélude, puis l’accompagnement idéologique fréquent de violences physiques extrêmes.

B. Les singuliers génériques l’animal et la bête

6. Animaux et bêtes désignent des individus de la catégorie sociale la plus défavorisée, mais encore s’agit-il d’individus, et dont la diversité est évoquée par la forme des mots au pluriel. Les singuliers génériques l’animal et la bête font basculer les représentations dans un niveau d’abstraction encore plus dévalorisant. Comme le rappelle Marie-Louise Mallet dans la préface à L’animal que donc je suis de Jacques Derrida :
« La violence faite à l’animal [envers les animaux non humains] commence d’ailleurs, dit [Derrida], avec ce pseudo-concept, “l’animal”, ce mot employé au singulier, comme si tous les animaux, du ver de terre au chimpanzé, constituaient un ensemble homogène auquel s’opposerait, radicalement, “l’homme”. Et comme une réponse à cette première violence, [Derrida] invente cet autre mot, “l’animot” qui, prononcé, fait entendre le pluriel, “animaux”, dans le singulier, et rappelle l’extrême diversité des animaux que “l’animal” efface ; “animot” qui, écrit, fait voir que ce mot, “l’animal”, n’est précisément qu’un “mot” »8.
7. L’animal et la bête employés de façon générale, sans référence à une situation particulière, renvoient aux mêmes abstractions purement négatives que leurs correspondants animalité et bestialité. Armés des connaissances que procurent aujourd’hui les progrès de l’éthologie (outre les expériences personnelles de relations directes avec des non-humains), on ne peut que constater avec fascination à quel point les non-humains continuent à servir de points de référence absolument négatifs pour faire valoir les humains, toujours associés à des concepts absolument positifs. Pour rappel, animalité est synonyme d’abrutissement, de bassesse et de brutalité, et bestialité est synonyme de concupiscence, cruauté, dépravation, férocité, gloutonnerie, grossièreté et lubricité9. Par ailleurs, en écho à cette dévalorisation générale, des expressions courantes associent des espèces particulières à des caractéristiques aussi fantasmées que négatives : porc ou loup dénotent des prédateurs sexuels, âne, buse ou dinde, des personnes stupides, pigeon, des individus faciles à duper, etc. L’opposition est criante avec humanité, synonyme d’altruisme, bienfaisance, bienveillance, bonté, compassion, délicatesse, douceur, générosité, pitié et sensibilité. Les connotations d’animalité comme d’humanité semblent aussi peu justifiées les unes que les autres, en particulier quand on considère les traitements que les humains infligent à pratiquement tous les non-humains à leur merci (à l’exception d’une minorité d’entre eux, dits « de compagnie »).
8. L’utilisation de singuliers génériques est un procédé fréquemment mobilisé pour dévaloriser des groupes d’individus dont on méprise sciemment la diversité et sur lesquels on énonce n’importe quelle proposition péjorative. « L’animal est privé de raison » s’apparente en ce sens aux dictons sexistes du genre « Souvent femme varie, Bien fol est qui s'y fie »10. De façon connexe, l’utilisation du singulier générique l’homme de façon symétrique par rapport à l’animal apparaît aussi comme problématique. L’opposition stylistique animal versus homme est fréquemment rencontrée, par exemple : « Qu'est-ce qui différencie l'homme de l'animal ? » ou « l'homme est supérieur à l'animal ». L’expression combinée l’animal et l’homme est courante11, y compris dans des textes en faveur des non-humains. Or cette opposition rhétorique ne fait que renforcer l’antagonisme sémantique entre les humains et les autres animaux. Par ailleurs l’expression l’homme est ambigüe en français puisqu’elle peut désigner soit un membre de l’espèce humaine, un humain, indépendamment de son sexe, soit un humain mâle adulte. De nombreuses autrices et auteurs ont dénoncé cette ambigüité ainsi que l’invisibilisation des humaines qu’elle induit, et promeuvent l’utilisation de l’expression plurielle « les humains ». Bref, il apparaît plus rationnel et plus respectueux d’éviter les singuliers génériques, tant pour les humains que pour les non-humains.

C. Syntagmes comprenant animal ou bête

9. De nombreux syntagmes sont composés avec animal et bête. On peut citer les expressions bête à lait, bête à viande, bête de somme, animal de compagnie, animal de rente, animal de laboratoire, animal sauvage, etc., voire il y a quelques années encore animal nuisible devenu maintenant animal susceptible d’occasionner des dégâts. Toutes ces expressions catégorisent et essentialisent des animaux indépendamment de leur espèce ou de leurs caractéristiques physiques ou psychiques, exclusivement en fonction de l’usage ou du non-usage qu’en font les humains. Les intérêts propres de ces individus non seulement ne sont pas pris en compte, mais l’existence réelle de ces intérêts n’est même jamais envisagée. Ces syntagmes marquent la réduction d’individus non-humains à de simples moyens ou obstacles relativement aux actions des humains, en ne les désignant qu’en tant qu’êtres destinés à un usage ou traitement particulier (fournir de la viande, offrir des services psychologiques, être tué par balle ou dans des pièges si « nuisibles », etc.).

D. Différentiation des champs lexicaux des humains et des autres animaux

10. L’opposition entre humains et non-humains, dont nous avons évoqué l’aspect axiologique (humanité n’a que des connotations positives, animalité que des connotations négatives), est aussi marquée par une forte différentiation des champs lexicaux qui leur sont associés.
11. Comme noté par Florence Burgat, Arthur Schopenhauer discute déjà dans Les deux problèmes fondamentaux de l’éthique de « la particularité de certaines langues, notamment de l’allemand qui, s’agissant des animaux, réservent des mots spécifiques à l’acte de manger et de boire, à la grossesse, à l’accouchement, à la mort, au cadavre, pour ne pas devoir employer ceux qui désignent les mêmes actes chez les hommes, dissimulant ainsi sous la diversité des mots la parfaite identité des choses »12. Cette remarque perspicace est également pertinente pour le français.
12. Concernant les parties du corps et les processus biologiques, qui peuvent être comparés de façon objective, de nombreux termes s’appliquent à la fois aux humains et à d’autres animaux : tête, œil, oreille… Mais il existe aussi beaucoup d’exemples de différentiation pour désigner des éléments similaires et homologues. Ainsi le TLFi considère que le mot bouche ne peut s’appliquer qu’à la « cavité buccale des animaux montés ou attelés, des grenouilles et de certains poissons ». On ne peut pas parler de la bouche d’un cochon ni d’une souris, par exemple, alors qu’on peut parler de la bouche d’un volcan ou d’une bouche de métro… On peut parler de la jambe d’un cheval, mais pas de la jambe d’une vache. Le cas le plus significatif est certainement celui de visage, terme strictement réservé aux humains, puisque défini comme « la partie antérieure de la tête d’un humain ». De même les mammifères non-humaines peuvent être dites gravides ou pleines, et mettre bas des petits, tandis que les humaines seules peuvent être dites enceintes et accoucher de bébés au terme de leur grossesse. Et lorsque des termes désignant en premier lieu des parties du corps ou des actions des autres animaux sont employés en faisant référence à des humains, ils sont pratiquement toujours chargés d’une connotation négative : Bas les pattes !, Tu as vu sa gueule ?, Quel mufle !, Il a aboyé des ordres puis reculé en glapissant des injures.
13. Une caractéristique primordiale du lexique français est l’exclusion des non-humains du concept de personne, défini comme « individu de l’espèce humaine, sans distinction de sexe ». Ce trait a des conséquences considérables puisque le champ lexical de personne est très étendu, tant dans le domaine des compétences cognitives ou émotionnelles que dans celui du droit. En effet, tout ou partie des acceptions de termes tels que pensée, raison, intention, sentiment ou amour13, par exemple, sont définies en faisant intervenir personne ou son synonyme quelqu’un (qui ne peut non plus dénoter un non-humain). Par ailleurs le fait que les non-humains ne soient pas des personnes les exclut d’un grand nombre de concepts du droit. Ainsi les non-humains, à l’exception de ceux sacrifiés à des divinités, ne peuvent être dits victimes (« personne qui souffre du fait de quelqu’un »), ils ne peuvent subir de préjudices (« acte ou événement [...] nuisible aux intérêts de quelqu’un »), on ne peut parler à leur sujet d’assassinat (« homicide volontaire commis avec préméditation ou guet-apens ») ou de torture (« souffrance physique intense infligée à quelqu'un »), et ce, même à la chasse, dans les abattoirs ou sur les ponts des bateaux de pêche.

E . Le « bien-être » animal

14. L’expression bien-être animal appartient à une vaste catégorie de termes occultant la violence de l’oppression humaine à l’égard des autres animaux. Font aussi partie de cette catégorie des termes aseptisés par leur généralité et leur polysémie, tels qu’abattage, majoritairement dans les abattoirs (anciennement appelés tueries ou écorcheries, mots dont l’aspect explicite apparaitrait aujourd’hui choquant), prélèvement pour des individus massacrés en milieu naturel, gestion des collections pour la mise à mort de prisonniers des parcs zoologiques, et euthanasie pour l’exécution d’individus dits « de compagnie », généralement en pleine santé mais que leurs « propriétaires » ne souhaitent pas conserver. Parler de « bien-être » pour les conditions de vie et de mort de la grande majorité des non-humains soumis directement au contrôle des humains (ceux qui sont élevés pour leur alimentation) correspond à un degré de déni supérieur à celui des euphémismes et appartient plutôt au domaine de l’antiphrase.
15. Or le « bien-être animal » est un concept omniprésent dans les discours des humains qui exploitent directement les autres animaux14. Le « bien-être des animaux » est toujours au cœur de leurs préoccupations, ce qu’ils justifient par l’allégation qu’« un animal stressé ne donne pas une viande de qualité »15, comme s’il était concevable que même l’abattage (le « traitement » minimal pour obtenir de la viande) ne puisse constituer un stress. Le concept de bien-être animal apparaît d’abord au Royaume-Uni16 avec l’expression animal welfare, welfare signifiant dans son acception générale un « état physique et mental », qu’il soit bon ou mauvais, et renvoyant aussi à des aides sociales en faveur des plus démunis. De façon importante, l’anglais distingue le welfare du well-being, qui désigne le « bien-être » au sens premier de « sentiment général d’épanouissement ». Cependant l’animal welfare anglais a été traduit en français par « bien-être animal », un terme qui renvoie de façon trompeuse les francophones à des notions foncièrement positives (« mauvais bien-être » est une antithèse) et hédoniques (crème hydratante…), sans rapport avec une mesure welfariste telle que le défonçage du crâne exigé avant égorgement. Bien sûr, des textes officiels17 différencient le « bien-être animal » d’un « sentiment général d’épanouissement » et le définissent comme un état positif garanti par la satisfaction de cinq besoins, qualifiés de « libertés ». Néanmoins, même ainsi restreinte, l’expression « bien-être animal » reste fallacieuse, parce que son emploi systématique semble impliquer que le respect des « cinq libertés » est garanti à la majorité des individus. Or il est évident que la « liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce » (cinquième liberté) n’est pas respectée pour les animaux vivant dans des élevages intensifs (estimés à 80 % des animaux égorgés en France). Et le fait que l’« absence de douleur » constitue la quatrième liberté n’empêche pas qu’aujourd’hui encore, la mutilation de la queue et la castration à vif des cochons soient légales ou tolérées par l’État (sans parler des conditions très dures de transport et d’« abattage »).

II. Le langage, « programme de perception »18 de la réalité

16. Les exemples que nous venons d’examiner illustrent les principaux aspects misothères19, c’est-à-dire « exprimant mépris et hostilité envers les animaux non-humains », du lexique français. Or plusieurs auteurs ont depuis l’antiquité dénoncé le pouvoir du langage sur l’entendement humain. Francis Bacon par exemple affirmait il y a quatre siècles :
« Les hommes croient que leur raison commande aux mots ; mais les mots exercent souvent à leur tour une influence toute-puissante sur l’intelligence, ce qui rend la philosophie et les sciences sophistiques et oiseuses. Le sens des mots est déterminé selon la portée de l’intelligence vulgaire, et le langage coupe la nature par les lignes que cette intelligence aperçoit le plus facilement. Lorsqu’un esprit plus pénétrant ou une observation plus attentive veut transporter ces lignes pour les mettre mieux en harmonie avec la réalité, le langage y fait obstacle »20.
17. Le pouvoir du langage est considérable : choisir une dénomination pour un objet, une action, un être vivant à la fois reflète et conditionne la valeur que nous leur accordons et le comportement que nous adoptons envers eux. En effet, attribuer un nom à un référent revient souvent à sélectionner parmi tous ses traits celui qui est jugé le plus pertinent. Pour donner un exemple concret, désigner une masse de muscles comestibles par le terme morceau de viande revient à sélectionner son aspect nutritif et lui confère un aspect positif, appétissant ; désigner le même objet sous le terme morceau de cadavre expose le fait que ces chairs faisaient partie d’un corps qui a été tué et lui confère un aspect répugnant.
18. Parmi les nombreuses expériences qui démontrent l’influence irrationnelle des mots, capable de surmonter les processus cognitifs les plus fondamentaux, nous citerons une étude classique de l’équipe de Paul Rozin à propos de la pensée magique dans le domaine de l’alimentation. Dans cette expérience21 sur un groupe d’élèves à l’université, chaque participant voit un chercheur verser du sucre dans deux bouteilles propres. On donne ensuite au participant une étiquette indiquant « Saccharose (sucre de table) » et une étiquette indiquant « Cyanure de sodium » (poison violent), et on lui demande de coller une seule étiquette sur chaque bouteille. Deux tasses sont ensuite remplies d’eau et on ajoute à chaque tasse une cuillérée du contenu d’une seule des deux bouteilles. Le participant doit ensuite évaluer à quel point il a envie de boire le contenu de chaque tasse, puis il doit finalement choisir une tasse et avaler une gorgée de son contenu. L’étude a montré que les participants avaient une préférence significative pour la bouteille avec l’étiquette « Saccharose (sucre de table) » alors qu’ils savaient que le contenu des bouteilles était identique et qu’ils avaient eux-mêmes choisi l’étiquetage des bouteilles. Cette expérience illustre le concept de réalisme nominal, c’est-à-dire la tendance à confondre un nom avec sa référence et donc à considérer qu’une désignation correspond à ou influence directement la réalité des choses. L’étude montre que cette tendance irrationnelle influence le comportement d’adultes à l’université, une population marquée a priori par sa rationalité, en dépit de leur bagage cognitif et du témoignage de leurs sens. Autant dire que la façon de nommer les choses est un enjeu crucial. Tant que la chair animale sera dénommée par un terme positif comme viande, de la même famille que vivre et convivialité, beaucoup de francophones ne parviendront simplement pas à la concevoir négativement comme un morceau de cadavre.
19. Notre langage est un instrument politique qui organise notre réalité. Comme l’a écrit Michel Foucault : « Le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer »22. Les filières économiques qui exploitent directement les non-humains en sont hautement conscientes, et, comme nous l’avons vu, accumulent euphémismes, antiphrases et détournements de sens pour dissimuler la violence de leurs pratiques. Les personnes qui luttent pour faire cesser ces violences ne peuvent pas ignorer l’enjeu du langage.

III. Propositions pour une évolution de notre langage

A. Évolutions langagières et sociétales

20. L’usage acritique du français tel que les dictionnaires actuels le recommandent conduit dans les faits à des violences symboliques quotidiennes envers les autres animaux. Ces violences, souvent largement inconscientes, ne peuvent que conforter implicitement les humains à exploiter les autres animaux, représentés comme des êtres vivants très différents des humains (puisque des termes spécifiques, négativement connotés, leur sont souvent arbitrairement associés), des êtres sans personnalité ni valeur intrinsèque (ils ne sont pas des personnes et sont fréquemment désignés en masse par des expressions renseignant leur usage pour les humains : bêtes à viande ou à lait…), des êtres stupides (ce sont des « bêtes »…) et méchants (beaucoup sont des « nuisibles »), et finalement pas si maltraités que cela, surtout quand le terme « soins » inclut le limage des dents et la castration à vif pour les porcelets et qu’« étourdissement » avant égorgement désigne le défonçage plus ou moins réussi du crâne par une tige perforante.
21. Comme nous l’avons déjà souligné, le langage est un instrument d’action politique essentiel : modifier un lexique permet de modifier des valeurs, abstraites, mais aussi des comportements concrets. Certaines personnes s’émeuvent qu’on puisse proposer des changements linguistiques qui, disent-elles, dénatureraient « le » français. Cependant, d’une part il n’existe pas « une » langue française, mais un ensemble de variétés du français, et d’autre part les fréquences d’usage de ces variétés changent constamment. Les langues sont des systèmes qui évoluent (le latin actuel s’appelle l’italien) et l’évolution du lexique en particulier peut être relativement rapide. Par exemple l’usage des expressions être juif au sens de « chercher à gagner de l’argent par des moyens injustes et sordides », de judas pour signifier « traître », ou de travailler comme un nègre pour « travailler comme un esclave » est devenu très rare alors que ces expressions sont bien attestées (et souvent présentées sans avertissement ni précautions particulières) dans des dictionnaires du 20e siècle comme le TLFi. Autre exemple : en 1984, au moment où l’État français commence à mettre en œuvre une politique de féminisation des noms de métiers et de fonctions, en 1984 donc, on pouvait parler d’une coiffeuse ou d’une ouvrière, mais pas d’une ministre ou d’une députée. On pouvait parler d’une directrice d’école mais pas d’une directrice de cabinet ministériel. Les postes de pouvoir ou de prestige n’admettaient pas de forme au féminin : l’ambassadrice, la générale ne pouvaient désigner que les épouses de l’ambassadeur ou du général. Les politiques volontaristes menées par les États francophones, entre autres pour introduire ou réintroduire des substantifs féminins afin de désigner des postes occupés ou des professions exercées par des femmes, ont été et sont encore essentielles à leur progression dans les sphères politique, économique et culturelle23. Pour les cas évoqués, l’évolution du lexique français a ainsi accompagné l’évolution de nos sociétés vers moins de racisme et de sexisme. On peut donc légitimement s’attendre à ce que des changements lexicaux en faveur des non-humains à la fois marquent et facilitent l’amélioration de leurs conditions de vie.

B. Propositions concrètes

22. Adopter une façon de s’exprimer adaptée à ce que la biologie de l’évolution, l’éthologie ou les images des lanceurs d’alerte nous révèlent des autres animaux rendrait nos discours et nos raisonnements plus rigoureux, et permettrait de limiter la misothérie de notre langage, caution des violences physiques qu’on leur inflige. Dans cette perspective, on peut avancer les quelques suggestions qui suivent.

a) Éviter les expressions aberrantes et dévalorisantes

23. La première et la plus simple des recommandations est d’éviter ces expressions et métaphores à la fois dépréciatives et absurdes : #BalanceTonPorc, langue de vipère, avoir d’autres chats à fouetter, vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué… Il serait aussi souhaitable d’éviter le terme bête et les mots apparentés bêtise, bêtifier, bêtisier, bestial, bestialité, etc., qui amalgament les notions d’animal non-humain, de stupidité et de violence.

b) Limiter l’usage d’animal à son acception scientifique

24. La réduction de l’utilisation du terme animal à son acception scientifique de métazoaire, qui inclut donc les humains, marquerait un tournant important. Cela permettrait en effet de nous ramener à la réalité de notre parenté avec les autres animaux et réduirait automatiquement les connotations péjoratives de violence ou de dépravation attachées au terme animal et à ses dérivés. Pour remplacer les expressions « les bêtes » ou « les animaux » lorsqu’il s’agit de désigner des animaux d’une autre espèce que celles du genre Homo, nous suggérons (comme nous l’avons fait dans ce texte) d’employer systématiquement les expressions les autres animaux, les animaux non-humains ou plus simplement les non-humains. Ces expressions peuvent sembler incommodes et inutilement compliquées. Cependant, plusieurs arguments plaident en leur faveur : d’abord, comme déjà mentionné, elles font ressortir le caractère construit de la catégorie d’exclusion qu’elles désignent. Ensuite, la littérature anglo-saxonne comme la littérature québécoise sur le spécisme emploient déjà largement ces expressions (non-humans, non-human animals), même si cette rigueur est encore rare dans les ouvrages des auteures et auteurs français. À noter que ce type de syntagme est aussi régulièrement utilisé par les primatologues, qui désignent leur objet d’étude par le terme primates non-humains. Finalement, ces expressions soulignent le lien entre non-humains et humains : « les autres animaux » sont les animaux autres que… les humains, tandis que « les animaux non-humains » rappelle sans ambages que les humains aussi sont des animaux. L’expression classique l’homme et l’animal, à la fois spéciste et sexiste, avec homme comme masculin générique, pourrait ainsi être avantageusement remplacée par les humains et les autres animaux ou par les humains et les non-humains. Idéalement les expressions négatives incluant non-humain seraient à remplacer chaque fois que possible par les termes positifs que constituent les noms des espèces concernées.

c) Éviter les expressions qui occultent les souffrances

25. Il serait aussi souhaitable d’éviter les euphémismes et les contre-sens qui, comme décrit précédemment, contribuent au déni des souffrances infligées par les humains aux autres animaux. Par exemple, le terme meurtre est clairement plus adapté qu’abattage pour dénoter la mise à mort délibérée et violente des trois millions d’individus égorgés quotidiennement dans les abattoirs français. Or ce terme peut, d’après le TLFi, être utilisé « par analogie » pour désigner l’« action de tuer un animal [non-humain] » et est employé dans la formule meurtre alimentaire par des chercheurs comme Jean-Pierre Poulain24 spécialistes de l’alimentation. On peut donc s’en servir sous le couvert de multiples cautions.
26. Nous avons vu aussi que l’expression bien-être animal induit deux représentations erronées : qu’elle se rapporte à des problèmes accessoires de « confort », et que les besoins primaires des individus (d’élevage en particulier) pour lesquels elle est sans cesse évoquée sont systématiquement comblés. Nous avons proposé de la remplacer par le terme mal-être animal (au sens de « souffrance physique et mentale ») pour faire référence aux problématiques de la protection animale, qui correspondent beaucoup plus à des souffrances qu’à de l’agrément25. L’usage de bien-être pour les animaux non-humains pourrait être conservé, mais en étant restreint à son sens intuitif de « sentiment d’agrément et d’épanouissement », pour désigner des mesures « positives » comme des jeux ou des friandises, clairement distinctes de mesures « négatives » telles que l’anesthésie avant opération chirurgicale, qui limitent la détresse physique et psychologique.

d) Limiter la différentiation lexicale entre humains et non-humains


27. Enfin, on pourrait suggérer de cesser de différencier, lorsque c’est légitime, les termes s’appliquant aux humains et aux non-humains. Pour des traits homologues et des états mentaux qui correspondent à des comportements semblables à ceux des humains, on peut recommander pour certains animaux non-humains l’usage de termes aujourd’hui largement réservés aux humains tels que bouche, visage, accoucher, ou encore amour, tristesse, peur, intention, etc. Visage et figure sont particulièrement importants parce que directement liés à l’idée de personnalité et d’individu sentient. Par ailleurs, de multiples études en éthologie26 ont mis en évidence chez de nombreuses espèces les caractéristiques psychiques que nous associons à la notion de personne. Il s’agit notamment de processus cognitifs et émotionnels complexes, et de traits de caractère stables constituant des individualités singulières. On peut donc légitimement encourager l’usage des termes personne et personnalité à propos de nombre d’animaux non-humains, en particulier les vertébrés et les céphalopodes. De ces considérations suit logiquement la recommandation d’utiliser le pronom interrogatif qui et non que et le pronom quelqu’un plutôt que quelque chose pour se référer à des non-humains. Le message est en effet sensiblement différent lorsqu’on demande à des chasseurs ou des pêcheurs : Qu’est-ce que vous avez tué ? Vous avez tué quelque chose ? ou Qui avez-vous tué ? Vous avez tué quelqu’un ?

  • 1 Par exemple https://www.cnrtl.fr/definition/animal.
  • 2 GAFFIOT, F. (1934) Dictionnaire Latin Français. Paris : Hachette. Disponible sur https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php.
  • 3 BERTHET, J. (2006) Dictionnaire de biologie. Bruxelles : De Boeck Supérieur.
  • 4 GAFFIOT, F., Dictionnaire Latin Français, op. cit.
  • 5 Les catégories d’exclusion sont plus fréquentes qu’on ne pourrait le penser. Si invertébré est facile à identifier comme tel, la province (aujourd’hui les régions) ou la banlieue par exemple en sont aussi car ces mots désignent des lieux divers regroupés sur la seule base de leur différence avec Paris. Voir à ce sujet l’article de LECOINTRE, G. et HUNEMAN, P. (2020) « Que signifie “se ressembler” en biologie ? », Philosophia Scientiæ, 24–2(2), pp. 75-98. Disponible sur : https://doi.org/10.4000/philosophiascientiae.2304.
  • 6 On observe en particulier cette relation pseudo-symétrique dans l’expression l’homme et l’animal, sur laquelle nous reviendrons.
  • 7 BONNARDEL, Y. et PLAYOUST-BRAURE, A. (2020) Solidarité animale : défaire la société spéciste. Paris : La Découverte.
  • 8 DERRIDA, J. et MALLET, M.-L. (2006) L’animal que donc je suis. Paris : Galilée, cité dans MARSOLIER, M.-C. (2020) Le mépris des « bêtes » : un lexique de la ségrégation animale. Paris : PUF.
  • 9 Voir par exemple le Dictionnaire Électronique des Synonymes du Centre de Recherches inter-langues sur la Signification en contexte, disponible en ligne sur https://crisco4.unicaen.fr/des/.
  • 10 HUGO, V. (1832) Le roi s'amuse. Paris : Librairie d'Eugène Renduel.
  • 11 Voir par exemple l’ouvrage récent de HOSSAERT-MCKEY, M., KECK, F. et MORAND, S. (2021) L’homme et l’animal. L’invention de nouveaux liens. Paris :‎ Le Cherche Midi.
  • 12 SCHOPENHAUER, A. (2009) [1841] « Mémoire sur le fondement de la morale », in Les deux problèmes fondamentaux de l’éthique, traduit de l’allemand et annoté par Christian SOMMER, Paris : Gallimard, cité par Florence BURGAT dans la préface à MARSOLIER, M.-C. (2020) Le mépris des « bêtes » : un lexique de la ségrégation animale, op. cit.
  • 13 Ainsi, pensée est défini dans le TLFi comme « manière de penser et d'exprimer ce qu'on pense ; attitude, détermination de l'esprit propre à une personne ou à un groupe de personnes » ; intention, comme « disposition d'esprit, mouvement intérieur par lequel une personne se propose etc. » ; amour, comme « lien affectif entre des personnes : l'amour entre les membres d'une même famille naturelle ou entre conjoints », etc.
  • 14 Ce paragraphe reprend l’argumentation d’un article récent : MARSOLIER, M.-C. et MESGUICH, F. (2022) « Parlons-nous trop du “bien-être animal” ? », The Conversation. Disponible sur : https://theconversation.com/parlons-nous-trop-du-bien-etre-animal-180166.
  • 15 Voir par exemple le site de l’interprofession nationale porcine (INAPORC) https://www.leporc.com/bien-etre-animal.html.
  • 16 DARDENNE, É. (2020) Introduction aux études animales. Paris : PUF, pp. 170-179.
  • 17 Voir https://agriculture.gouv.fr/le-bien-etre-animal-quest-ce-que-cest.
  • 18 BOURDIEU, P. (2001) Langage et pouvoir symbolique. Paris : Seuil, p. 155.
  • 19 Misothère est composé sur le modèle de misanthrope des mots grecs miséô (« détester, haïr »), et thêrion (« animal sauvage »).
  • 20 BACON, F. (1857) [1620] Novum organum, traduit du latin et annoté par A. LORQUET, Paris : Hachette, livre I, LIX.
  • 21 ROZIN, P., MILLMAN, L. et NEMEROFF, C. (1986) “Operation of the laws of sympathetic magic in disgust and other domains”, Journal of personality and social psychology, 50(4), p. 703.
  • 22 FOUCAULT, M. (1971) L’ordre du discours. Paris : Gallimard, p. 12.
  • 23 Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (2022), Pour une communication publique sans stéréotypes de sexe. Disponible sur le site https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/stereotypes-et-roles-sociaux/zoom-sur/article/guide-pour-une-communication-publique-sans-stereotypes-de-sexe.
  • 24 CORBEAU, J.-P. et POULAIN, J.-P. (2002) Penser l’alimentation : entre imaginaire et rationalité. Toulouse : Privat.
  • 25 MARSOLIER, M.-C. et MESGUICH, F. (2022) « Parlons-nous trop du “bien-être animal” ? », op. cit.
  • 26 Voir par exemple CHRISTEN, Y. (2011) L’animal est-il une personne ? Paris : Flammarion ; les ouvrages de Frans DE WAAL, dont DE WAAL, F. (2016) Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre l’intelligence des animaux ?, traduit de l’anglais par L. CHEMLA et P. CHEMLA, Paris : Les Liens qui libèrent ; et ceux de Marc BEKOFF, tels que BEKOFF, M. (2018) Les émotions des animaux, traduit de l’anglais par N. WAQUET, Paris : Rivages.
 

RSDA 1-2024

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